Comment obtenir une licence EuroLeague ?
L’EuroLeague, la plus belle et la plus prestigieuse des compétitions européennes, est un rêve pour de nombreux clubs. Certains ont même eu la chance d’être invité une saison, deux saisons, à la table de ce festin continental. Mais d’autres encore ont l’immense privilège de revenir goûter chaque année à ce bonheur, retrouvant le siège qui leur est dévoué. EuroLeague France s’est donc plongé dans le règlement minutieux de notre compétition préférée, pour vous dévoiler comment un club peut espérer obtenir cette précieuse licence longue-durée. La liste des critères.
Comme vous le savez peut-être, l’EuroLeague présente la particularité d’être une compétition privée. Elle n’a donc aucun lien avec la fédération internationale (FIBA) et se trouve gérée par ses propriétaires de manière indépendante. Mais ces derniers s’assurent de bien faire les choses et de sélectionner globalement les plus beaux représentants de notre continent pour concourir. Cette année et comme l’année dernière, les dirigeants de l’EuroLeague ont donc choisi 18 clubs, que l’on peut diviser en deux catégories selon leur moyen d’accession à la compétition : ‘’Les clubs licenciés’’, autrement dit les clubs qui bénéficient d’une licence longue durée ; et ‘’les clubs associés’’, c’est-à-dire ceux qui bénéficient d’une invitation (‘’wild-card’’) d’une durée d’un an. Cette invitation est bien évidemment renouvelable sur performances.
En France, nous avons donc deux clubs qui ont la chance de participer en EuroLeague et qui illustrent ces deux cas de figure. Il y a d’abord Monaco qui est un club associé. Le club de la Principauté a en effet été invité dans la compétition reine depuis sa victoire en EuroCup en 2021, petite sœur de l’EuroLeague. La condition de renouvellement de cette invitation est ni plus ni moins qu’une participation aux Playoffs, ce qui a toujours été respecté jusque-là. Et puis, il y a l’ASVEL qui est donc un club licencié. Leur dossier a été validé en 2021 et la ‘’longue durée’’ en question s’étend jusqu’en 2031. 10 ans pour convaincre, ça laisse du temps. L’ASVEL fait ainsi partie des 13 clubs qui bénéficient d’un tel privilège. On retrouve à cette prestigieuse table : le Real, le Barça, Baskonia, le Bayern Munich, le Panathinaïkos, l’Olympiacos, le Fenerbahçe, l’Anadolu Efes, l’Olimpia Milano, le Zalgiris Kaunas, le Maccabi Tel-Aviv et … le CSKA Moscou dont la licence est simplement suspendue à titre provisoire. Mais officiellement, le club étant encore membre, il dispose toujours de son siège au conseil de l’EuroLeague pour prendre part aux prises de décisions de la ligue.
C’est donc sur cette dernière catégorie, les ‘’clubs licenciés’’, que l’on va se pencher aujourd’hui. Que faut-il faire pour appartenir à ce cercle privilégié ? De quel droit ces clubs peuvent se permettre de jouer sans être angoissé par leur avenir dans la compétition ? Qu’est-ce qui fait de vous un géant européen ? Ne bougez pas, EuroLeague France vous explique tout.
NB : Au fur et à mesure que nous vous présenterons les critères d’obtention de cette fameuse licence longue durée, nous étudierons plus particulièrement le cas de nos clubs français : en quoi l’ASVEL répond aux critères ; ce qu’il manque à Monaco pour espérer l’obtenir. Tout au long de cet article, on se penchera également sur le cas du Paris Basketball que l’on attend avec impatience dans la compétition reine pour offrir un 3ème représentant à notre chère Betclic Elite.
Pour une licence longue durée, l’EuroLeague exige donc que l’on réponde aux critères suivants :
- AVOIR UNE EQUIPE DE BASKET
Ça va on déconne, le sujet est sérieux donc on essaie de relâcher un peu la tension…
- ÊTRE UN GRAND D’EUROPE
L’EuroLeague ne donne pas ses tickets au hasard. La première condition pour obtenir une licence européenne consiste ni plus ni moins qu’à être une grande ville européenne. Qu’est-ce qu’ils entendent pas ‘’grande ville européenne’’ ? C’est simple : avoir une aire d’influence comptant au moins 200 000 habitants, concentrés dans un aire géographique de 200km2. l’EuroLeague montre ainsi sa volonté de réunir les pôles majeurs du continent ; que des grosse têtes ! Mais la ligue se réserve toutefois le droit de faire exception dans le cas de deux grands clubs qui cohabiteraient dans la même aire urbaine. Cela permet à Istanbul d’avoir ses deux représentants dans la compétition, tout comme les clubs grecs, Athènes et Le Pirée étant sensiblement dans la même aire d’influence. Pour notre club de Lyon-Villeurbanne, on compte plus de 650 000 habitants environ sur à peu près 60km2 : ça l’fait laaaarrrge, et ne parlons même pas de notre capitale en ce qui concerne le Paris Basketball. Cependant, il pourrait s’agir ici d’un premier critère problématique si Monaco compte se pérenniser dans le grattin européen : un peu plus de 36 000 habitants peuplent à ce jour le Rocher. On peut élargir la zone d’influence à la Côte d’Azur mais pour l’instant, on est assez loin des recommandations.
- DU MONDE DANS LA SALLE
L’arena de 10 000 sièges minimum. Sûrement le critère le plus connu, et une case fraichement cochée par l’ASVEL et sa LDLC Arena flambante neuve. Une promesse, qui était une condition sine qua non sur le dossier de l’ASVEL à l’époque, parfaitement tenue par Mr Tony Parker. Là aussi pour Monaco, on sait qu’en interne on se creuse les méninges pour suppléer la modeste (mais néanmoins très charmante) salle Gaston-Médecin. En ce qui concerne le Paris Basketball, on a tout prévu avec la reprise de la toute nouvelle Adidas Arena et ses plus de 8000 sièges. ‘’Mais wesh comment ça 8 000 c’est nul j’croivais qui fallait 10 000 pour le truc là’’. Ne vous inquiétez pas, cela devrait largement faire l’affaire vu que l’EuroLeague se montre plutôt souple sur ce critère. Le Barça joue ainsi depuis des lustres dans son historique Palau Blaugrana de 7 500 places et le Bayern, ayant reçu sa licence en même temps que l’ASVEL, s’exprime quant à lui dans son BMW Park d’un peu plus de 6 000 sièges. Cependant, les deux clubs n’ont pas l’air de s’en contenter : les uns ouvrent un Nou Palau Blaugrana en 2025-2026 comptant un peu plus de 15 000 chaises et le Bayern, quant à lui, prévoit pour la saison prochaine une enceinte de 12 500 endroits où s’assoir (on est en manque de synonymes pour ‘’places’’). Il faut donc assurer. Toutefois, avec l’obtention des JO d’hiver en France, la ville de Nice, située à 30mn en voiture de Monaco, a promis d’ouvrir une salle omnisports de 12 000 places. On pose ça là, même si l’on sait que les institutions monégasques préfereraient avoir ses propres infrastructures. Affaire à suivre.
- POUVOIR PASSER DES VACANCES À FRANCFORT
C’est le critère WTF de cette liste mais voilà, l’EuroLeague exige que votre ville soit à 4h max de Francfort en Avion. Pourquoi ? Bah parce qu’il y a plein de choses à faire à Francfort, il y a des saucisses, de la bière, des gens sympas… Bon plus sérieusement, la ville de Francfort à été un peu choisi de manière arbitraire, mais c’est surtout pour symboliser un point central de l’Europe. Le critère permet donc d’harmoniser géographiquement l’ensemble de ses participants. En gros, il faut donc être sur le continent européen ; ça s’appelle EuroLeague, ça reste l’Europe. Ce critère permet aussi de limiter les trop longs déplacement. Pour information, un déplacement Tel-Aviv/Francfort prend un tout petit peu plus de 4h de vol, mais ce n’est pas quelques minutes d’avion pour rejoindre la capitale de la saucisse qui allaient nous priver du Club-nation dans notre belle compétition. Cela étant dit, je vous vois venir maintenant, alors j’anticipe votre question : un vol Dubaï/Francfort met quant à lui minimum 6h… On attend impatiemment (c’est faux) le jour où l’EuroLeague nous fera sauter ce critère pour accueillir à bras ouverts une équipe là-bas. Pour l’instant on parle seulement de wild-card.
- SE METTRE BIEN
L’EuroLeague exige en effet d’avoir minimum deux hôtels 4 étoiles dans un rayon de moins de 25 km de la salle. Tout pour accueillir les plus grands joueurs du continent dans les meilleurs conditions, ça se comprend. Bref, tout ça c’est l’intendance, passons, tout de façon on se fait pas trop de soucis pour Monaco à ce sujet…
- PAS DE LA PLACE POUR TOUT LE MONDE
Et oui, l’EuroLeague a une capacité limitée, c’est pourquoi elle n’attribuera pas plus de 2 tickets par championnat. C’est écrit tel quel dans le règlement. Compte tenu de la compétitivité hors-pair du championnat espagnol, une petite entorse à la règle fut faite à l’égard de Baskonia, troisième licencié ibère dans la ligue. Mais cela reste un critère qui peut poser problème si on espère avoir l’ASVEL, le Paris Basketball et l’AS Monaco en même temps. Cela passera donc forcément par l’obtention d’une wild-card pour l’un des trois si l’on suit le règlement à la lettre.
- LA NATION D’ABORD
L’EuroLeague est claire, elle ne veut pas remplacer les ligues domestiques. La compétition européenne reste une deuxième compétition. La condition pour jouer l’Europe, c’est donc d’abord de jouer dans son propre pays.
Bien sûr, le dossier d’obtention à la licence doit être complet jusque dans les détails. Plusieurs règles de fair-play financier sont à respecter (coucou le Pana). De même, aucun membre de votre staff ou de votre équipe ne doit être impliqué dans quelconque conflit d’intérêts. Par exemple, du temps où il menait l’effectif villeurbannais, Gianmarco Pozzecco ne pouvait devenir l’égérie d’Emporio Armani, sponsor officiel de l’Olimpia Milano. (mais maintenant c’est bon hein…)
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Et maintenant, examinons les critères pour se la faire retirer !
Et oui c’est possible, l’EuroLeague se réserve le droit de suspendre ou de retirer la licence d’un de ses membres à tout moment. Alors du calme, ne prenez pas peur, vous allez voir qu’il faut vraiment le faire pour perdre le précieux sésame.
L’EuroLeague peut donc retirer la licence d’un club dans les conditions suivantes :
- NUL, NUL, NUL
L’EuroLeague se réserve le droit de retirer prématurément votre licence si vous finissez par trois fois à la dernière place du classement durant la période de votre contrat. Attention pour l’ASVEL, car il y a déjà une saison du genre au compteur avec l’exercice 2022-2023. Il faut tenir jusqu’en 2031 quand même, mais on compte fort sur l’ALBA Berlin.
- ASSURER CHEZ SOI
S’il y a un impératif de résultats dans la compétition, il y en a également un dans ces championnats domestiques que l’EuroLeague demande de disputer. Il est effectivement demandé de pas finir la saison dans la deuxième moitié du classement dans son pays. On peut être tranquille à ce niveau-là : nos représentants ont l’habitude d’assurer dans notre chère Pro A. Avec le passage à 16 clubs en Betclic Elite la saison prochaine, il faudra donc minimum une qualification aux Playoffs.
Et bien sûr, l’EuroLeague peut également vous retirer votre licence si l’un des critères qui vous a permis de l’obtenir n’est plus respecté, genre si y’a un hôtel 4 étoiles qui vient de fermer à côté de la salle ou autre. Alors petit message pour les maîtres hôteliers qui sont dans la région lyonnaise ou parisienne, si vous voulez déposer le bilan, réflechissez-y à deux fois.
Voilà pour les critères ! Si jamais vous avez tout ça chez vous, n’hésitez pas à postuler pour demander une licence d’EuroLeague. En attendant, l’ASVEL de Tony Parker permet à la France de s’implanter dans la prestigieuse compétition avec son dossier complet. Il ne nous reste plus qu’à espérer que celui du Paris Basketball soit accepté de même, ou que l’AS Monaco rentre un jour dans ces critères.
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