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« Le corps a ses limites » : les joueurs à l’épreuve des calendriers surchargés

L'AS Monaco a joué 89 matchs la saison dernière. Matthew Strazel n'a pu enchaîner avec l'Euro. Mam Jaiteh va, lui, traverser une saison blanche. (crédits photo : AS Monaco)

D’année en année, les calendriers se chargent un peu plus encore de matchs. L’EuroLeague est venue suivre la préoccupante tendance en ajoutant quatre journées et des semaines doubles supplémentaires cette saison. Sur le front, les joueurs se retrouvent pris entre l’adrénaline de la compétition et la peur grandissante de la blessure. Témoignages et réflexions.

« Ce n’est pas une plainte. Simplement, le corps a ses limites. » Edwin Jackson est l’une des figures d’expérience de notre championnat. Des saisons, il en a traversé quelques unes. Mais des saisons comme celle-ci, encore jamais. C’est à la veille d’entamer sa 19e campagne très exactement qu’il nous livre ces mots : « Au bout d’un moment, il y a une usure naturelle et le corps a besoin de récupérer. » Un mois après s’être entretenu avec nous, Edwin est touché au talon gauche lors de la rencontre face à Bologne. Il est écarté des terrains pour quelques jours.

Il y a une vingtaine d’années, lorsque l’arrière faisait ses débuts dans le monde professionnel, une équipe d’EuroLeague devait jouer 25 matchs pour aller au bout et remporter le titre. Aujourd’hui, avec l’expansion de la compétition, la saison régulière à elle seule compte 38 sorties. Playoffs et Final Four compris, le futur champion foulera le parquet potentiellement 45 fois. Ça fait 20 matchs de plus.

Les années passent et le calendrier continue de s’alourdir. Pour les joueurs, la charge augmente. Si bien qu’au lendemain d’un Euro intense, et à l’aurore d’une saison qui n’a jamais été aussi longue, les corps craquent.

La détresse de Georgios Papagiannis, après sa rupture des ligaments croisés mi octobre. (crédits photo : Eurohoops)

Georgios Papagiannis, Rokas Jokubaitis, Aleksa Avramovic, Johannes Voigtmann, Yam Madar, Arturs Zagars, Dzanan Musa… Dans le clan bleu : Mam Jaiteh, avant lui Vincent Poirier, avant lui Moustapha Fall, avant lui Mathias Lessort… Matthew Strazel a pu revenir pour le début de saison mais a manqué l’Euro, Evan Fournier a traîné ses pépins mais commence à revenir, Théo Maledon a dû reporter ses grands débuts au Real après avoir été touché aux adducteurs… L’impression que l’infirmerie n’a jamais été aussi remplie.

JAITEH : SAISON PLEINE PUIS SAISON BLANCHE

Un temps gêné en préparation, Isaïa Cordinier a malgré tout assuré sa place à l’Euro, sans plus de réticence à la tâche. « Je ne me plains pas. On gagne très bien notre vie, on a la chance de vivre de notre passion. Pour ça il faut être reconnaissant. » Lorsque nous l’interrogeons sur ces calendriers à rallonge, il reconnaît la question difficile, avant de se lancer : « On adore jouer des matchs, on préfère la compétition et les semaines à deux-trois matchs, plutôt que les semaines à un seul match et où on s’entraine plus. Personnellement, je trouve ça excitant l’idée de jouer plus de matchs l’année prochaine. »

Au moment de rejoindre les Bleus pour l’aventure polonaise, l’arrière-ailier sort d’une campagne à 78 matchs avec la Virtus Bologne, assortie de deux sélections avec l’équipe de France en février. Trois matchs de préparation et six d’Euro plus tard, le compteur monte à 89.

À peine le temps de souffler qu’Isaïa rejoint l’ambitieux projet de l’Anadolu Efes et doit s’attendre à une autre longue saison, qu’il espère sans conséquences néfastes. « C’est évident que cette surcharge des calendriers posera problème au bout d’un moment. Il va falloir faire plus attention au corps, car nos carrières ne sont pas éternelles. Elles durent peut-être 10 ans, 15 ans : c’est moins de la moitié d’une vie. Il faut savoir aussi qu’il y a des familles derrière chaque joueur. Je pense aux retraités qui veulent jouer avec leurs enfants : s’ils ne sont plus en état de jouer après leur carrière, c’est triste. »

« Il faut se persuader qu’on est pas fatigué. Il faut se dire que ça va aller. »

Matthew strazel

Malgré les progrès continuels de la médecine, l’amélioration des équipements, les innombrables techniques pour mieux entretenir son corps, rien n’y fait. « Mam Jaiteh a une hygiène de vie irréprochable, reprend Edwin Jackson. Il joue énormément avec Monaco, il tire sur la fin de l’année. Il ne se repose pas avant de rejoindre l’équipe de France. A l’Euro, il donne sans compter, joue avec tous ses petits bobos…  Là, il est pété. Ce n’est pas anodin. »

Avant de répondre à l’appel de Freddy Fauthoux, le brave pivot du championnat d’Europe porte le maillot de l’AS Monaco à 71 reprises sur l’exercice 2024-2025. Sa saison en club se termine le 24 juin. Un mois plus tard, le 29 juillet, l’intérieur rejoint la préparation de l’équipe de France. Sous la tunique bleue, il jouera quatre matchs de préparation puis les six matchs de l’Euro. Quelques jours à peine après la désillusion du huitième de finale contre la Géorgie, il doit déjà rejoindre Dubaï où l’attend un nouveau challenge. Son talon d’Achille a dit stop une semaine plus tard. Saison blanche.

BIENTÔT 100 MATCHS EN UNE SAISON ?

Son coéquipier d’antan sur le Rocher, Matthew Strazel, lui, n’a même pas eu le loisir de représenter la France à l’Euro. Des 89 matchs (!) auxquels l’AS Monaco a pris part sur la campagne 2024-2025, le meneur en a disputé 88. Son nombre total de match s’élève même à 94 si on compte les deux rencontres avec la France lors des fenêtres de février et les quatre matchs de préparation qu’il a pu disputer avant sa blessure. « Les matchs s’enchaînent, c’est la vie qu’on a choisie. On le fait avec plaisir », nous dit-il avec son sourire habituel lorsque nous le croisons dans les couloirs de la Spodek Arena de Katowice où il est venu entourer ses compères.

Cette saison, si la Roca Team va au bout de toutes les compétitions – ni plus ni moins que l’objectif affiché – elle pourrait même totaliser l’astronomique total de 97 matchs. Présent dans la liste pour la première fenêtre des éliminatoires à la Coupe du monde, Strazel devrait glaner une sélection de plus lors de Finlande-France, en novembre. Et si, à toute hasard, il avait l’honneur d’être aussi sélectionné pour les quatre matchs de qualification à la Coupe du monde, lors des fenêtre de février et de juillet, la barre des 100 pourrait être brisée.

Matthew Strazel et Nadir Hifi, 185 matchs à eux deux la saison dernière. (crédits photo : AS Monaco basket)

Mais là encore, la fougue de la jeunesse parle : « J’appréhende plutôt bien la saison. Je n’ai pas l’habitude d’être blessé. Je n’ai pas envie de me porter l’œil en me disant ça, mais j’arrive à faire mes saisons sans rater de matchs donc j’espère que ça va continuer comme ça ». Aussi adroit en interview que derrière l’arc, le héros des Jeux 2024 préfère aborder la solution que le problème, nous livrant les clés de son état d’esprit marathonien. « Je pense que c’est mental aussi. Il faut se persuader qu’on est pas fatigué. Tout en écoutant son corps évidemment. Il faut prendre soin de soi, certes, mais il faut se dire que ça va aller. »

Le deuxième Ironman côté français se nomme Nadir Hifi qui, entre Paris et sélection, culmine à 91 rencontre sur la campagne 2024-2025. Impressionnant, mais combien d’années nos jeunes pépites pourront-elles tenir ?

« JOUER, C’EST ÉPUISANT »

Une épreuve physique qui devient mentale ; voilà le périlleux exercice auquel les basketteurs européens sont confrontés aujourd’hui. « C’est une course effrénée », réagit Fred Weis. Pour prendre un peu de recul sur la situation, nous sommes allés poser la question à celui qui est aujourd’hui consultant pour Bein Sport. L’ancien pivot nous partage son inquiétude. « On fait de plus en plus de matchs parce qu’on veut de plus en plus d’argent des droits TV. Mais la quantité est parfois au détriment de la qualité. Avec tous ces matchs, est-ce qu’on va pas se lasser au bout d’un moment ? Je ne suis pas sûr que cette accumulation de matchs soit la bonne solution. »

Au-delà de la potentielle perte d’attractivité des rencontres, l’homme aux 100 sélections en équipe de France place le bien-être mental des joueurs au centre du débat. « Jouer c’est épuisant. Plus tu joues, plus t’es fatigué. Plus t’es fatigué physiquement plus t’es fatigué mentalement. On tombe dans un cercle vicieux qui est très compliqué à gérer et à stopper. Il faudrait inverser la spirale et trouver des solutions pour avoir un cercle vertueux où on accompagne les joueurs. »

Et les souvenirs du vice-champion olympique 2000 de remonter : « Je me rappelle quand je jouais : dès décembre, j’avais un coup de barre. Physiquement j’étais en dessous, et mentalement, je me demandais comment j’allais tenir. Les enchaînements équipe de France-club, c’était dur. La saison 1999-2000, après le triplé avec Limoges, je n’ai que cinq jours de vacances avant de rejoindre les Bleus pour les JO à Sydney. Après les Jeux, j’avais rejoins directement mon nouveau club du Paok Salonique. J’étais épuisé. Au bout d’un moment, tu as besoin de couper. Car avec l’enchaînement de ces matchs, il y a aussi le manque de la famille. »

VERS UNE INCOMPATIBILITÉ CLUB-SÉLECTION ?

Jusque-là, aucun des joueurs que nous avons cité et qui ont accepté de nous témoigner, n’ont un jour rechigné à venir représenter la nation l’été. Bien au contraire. Mais malgré toute la bonne volonté de nos soldats, bientôt peut-être ne pourront-ils plus accomplir leur devoir. « Plus on va avancer, plus il y aura des joueurs qui seront obligés de choisir entre clubs et équipe nationale, prédit Edwin Jackson, médaillé de bronze à la Coupe du monde 2014 avec les Bleus. Ce ne sera plus possible de faire une carrière où tu viens chaque été représenter ton pays. On voit les conséquences, quand les joueurs ne peuvent pas vraiment couper durant l’intersaison : soit c’est la blessure, soit c’est l’impasse sur l’équipe nationale. »

« Si vous voulez qu’on joue plus de matchs,
il faut qu’il y ait de vrais temps de repos »

Pour une cascade de blessures, ou une crainte généralisée de compromettre la suite de carrière, la sélection pourrait être désertée. « En tant que joueur, ton revenu principal, c’est le club, complète l’arrière de l’Asvel. C’est ton employeur, tu leur est redevable en premier. Le pays c’est très important, mais ce qui construit ta carrière, ce qui t’amène même à l’équipe nationale, c’est de performer en club. » Un cercle vicieux. Peut-être, ce calendrier aux toujours plus nombreuses soirées de basket met-il en en péril le basket lui-même.

Le risque est là. Son moyen de l’éviter tient en un mot : le repos. Une denrée devenue trop rare. « Si vous voulez qu’on joue plus de matchs, il faut qu’il y ait de vrais temps de repos », conclut Edwin.

« Cette année il va falloir voir comment ça se passe, et puis ajuster les calendriers en fonction pour voir quelle est la meilleure manière de promouvoir le basket, avance de son côté Isaïa Cordinier. Il faudra trouver un équilibre entre la santé des joueurs et ce qu’on donne aux fans. Je pense qu’en travaillant intelligemment, tout le monde peut arriver à un bon résultat pour le meilleur du sport. »

L’EuroLeague n’est pas la seule ligue concernée. Le basketball n’est pas le seul sport concerné.

Reste à voir si la tendance au gavage de calendrier se poursuivra, ou si les instances répondront à l’appel. En attendant, elles ont entre leurs mains la santé de milliers de joueurs. De milliers d’êtres humains.

Notes :

Les 88 matchs de Matthew Strazel en 2024-2025 : 29 matchs de Betclic Elite et 12 matchs de Playoffs, 34 matchs d’EuroLeague et 7 matchs de Playoffs/Final Four, 3 de Coupe de France, 3 de Leaders Cup.

Les potentiels 101 matchs de Matthew Strazel en 2025-2026 : 2 de SuperCoupe, 30 de Betclic Elite et jusqu’à 13 de Playoffs, 38 d’EuroLeague et jusqu’à 7 de Playoffs/Final Four, jusqu’à 4 de Coupe de France, jusqu’à 3 de Leaders Cup, 5 de qualification à la Coupe du monde.

Les 81 matchs de Mam Jaiteh en 2024-2025 : 22 matchs de Betclic Elite, 24 d’EuroLeague et 7 de Playoffs/Final Four, 3 de Coupe de France, 3 de Leaders Cup, 4 de préparation à l’Euro, 6 d’Euro.

Les 89 matchs d’Isaïa Cordinier en 2024-2025 : 29 matchs de Lega et 12 de Playoffs, 34 matchs d’EuroLeague, 2 de Supercoupe d’Italie, 1 de Coupe d’Italie, 2 pour les qualifications à l’Euro, 3 de préparation à l’Euro, 6 d’Euro.

Les 91 matchs de Nadir Hifi en 2024-2025 : 29 matchs de Betclic Elite et 11 de Playoffs, 34 matchs d’EuroLeague et 4 de Paly-in/Playoffs, 4 de Coupe de France, 1 de Leaders Cup, 4 de préparation à l’Euro, 4 d’Euro.

Notes 2 :

Un immense merci à tous ceux qui ont accepté de nous répondre : Edwin Jackson, Isaïa Cordinier, Matthew Strazel, Fred Weis et d’autres joueurs non mentionnés ici mais dont le témoignage a aidé à établir ce récit.

Contacté pour témoigner, Mam Jaiteh a préféré ne pas prendre la parole pour pleinement se reposer. Toutes nos pensées l’accompagnent pour son rétablissement. De tout cœur avec lui.

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Raphaël Habrard

Journaliste pour EuroLeague France. Fan de l'Olympiakos et de Mathias Lessort. Fan de l'Asvel et des clubs français qui marchent bien en EuroLeague. T'façon le basket c'est de l'art.

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