La grande histoire de l'hymne de l'EuroLeague

Jan 28, 2024 - 21:20
Mar 25, 2024 - 18:50
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La grande histoire de l'hymne de l'EuroLeague
crédits photo : EuroLeague

              Pas un soir, pas un match, pas un combat de l’EuroLeague ne se lance sans qu’il ne retentisse. Depuis presque deux décennies, ce chant épique marque les esprits des joueurs qui foulent le parquet en l’entendant. Découvrez la grande histoire de l’hymne officiel de l’EuroLeague : I Feel Devotion.

 

LA NAISSANCE D’UN HYMNE

 

Fin de semaine, soir de match, le parfum des grandes soirées européennes se fait sentir, l’adrénaline monte, l’atmosphère des grands matchs plane dans la salle, les supporters entonnent leur premiers chants, les joueurs s’alignent, on est à quelques secondes du coup d’envoi quand soudain… il retentit. On en a l’habitude mais l’on ne se lasse jamais vraiment de l’entendre. C’est à ce moment précis que la grande messe du basket européen commence véritablement.

 

Voilà presque 20 ans maintenant que notre compétition favorite introduit chacune de ses soirées par son hymne officiel. Mais d’où vient ce joyeux rituel ? Qui est à l’origine de tout cela ? Pourquoi une telle musique ? EuroLeague France vous raconte tout. Pour connaître l’origine de cet air que l’on aime tant fredonner les jeudi et vendredi soir (et parfois même le mardi et le mercredi !), il faut remonter à 2006. A cette époque, l’EuroLeague sous le nom d’ ‘’EuroLeague’’ exite depuis 6 ans mais rassemble véritablement les plus grosses écuries du continent depuis 5 ans suite à un accord avec la FIBA en 2001. Les premières saisons de la compétition sont un succès et la direction de la ligue cherche à confirmer son développement en se créant une identité à part entière. Les fans murmurent l’idée d’avoir une signature vocale, d’imiter ce que le voisin du football peut faire avec sa Ligue des Champions et sa mythique musique… Après le fameux logo en ‘’e-ball’’ (ballon avec le E), l’EuroLeague planche donc pour se trouver son hymne à elle. Les membres de la ligue s’entourent alors d’agences de création et font appel dans la foulée au compositeur José Maria Perez Martin, plus connue sous le nom de Chema Boo-Boo, pour concrétiser leur projet. L’artiste tatonne deux-trois notes sur son clavier et c’est ainsi que naît le fameux thème. Après l’enregistrement d’un chœur dirigé par ce même musicien espagnol, l’hymne de l’EuroLeague voit officiellement le jour.

 

 

DEVOTION

 

C’est fait, l’EuroLeague et tous les fans européens de la balle orange tiennent leur hymne. Jusque-là les footeux avait leur ‘’The champiooooooonnnnnnnsss’’, désormais, nous avons notre  ‘’deeevvvoooottioooon’’. Bon ok on n'est pas sur le même niveau d’hymne mythique mais c’était toujours sympathique. Ce simple refrain ‘’Devotion, devotiooooooon, I feel devotion’’ faisait parfaitement l’affaire et suffisait à souffler ce vent épique sur chaque rencontre qu’il inaugurait. Car tel était le maître mot du nouveau bébé de l’EuroLeague : ‘’Devotion’’. Un terme qu’on pourrait tout simplement traduire en français par dévotion, mais qui évoque à la fois la passion, l’engagement, l’intensité qui caractérise si bien ce basketball européen, que ce soit sur le terrain ou dans les tribunes. C’est d’ailleurs ce que nous a confié Marc Llopis, responsable marketing de l’EuroLeague, que nous avons interrogé pour l’occasion :

 

‘’Le basketball européen est unique par ses fans passionnés et investis. C’est de là que tout est parti. L’Euroleague a travaillé pour avoir un hymne facilement reconnaissable et qui durerait à travers les années.’’

 

L’EuroLeague ça ne se joue pas, ça ne se regarde pas, ça se vit. Plus qu’un titre, plus qu’un hymne, la compétition reine du vieux continent s’était trouvée une devise. Ce devotion amenait donc parfaitement cette devise du ‘’every game matter’’ (chaque match compte) apparue quelques années plus tard. Chaque joueur se donne corps et âme sur le parquet car chaque match est d’une importance capital. L’EuroLeague avait frappé dans le mille ; l’hommage aux fans et à la culture européenne de la balle orange était réussi.

 

A CHAQUE TEMPS SON HYMNE

 

Cela ne vous a sans doute pas échappé mais ces chœurs graves chantant en boucle ce refrain galvanisant n’est pas tout à fait ce qu’on semble entendre de nos jours avant nos matchs préférés. Et oui, l’EuroLeague évolue avec son temps, et son hymne aussi. En 2020, après une saison interrompue et jamais reprise à cause de la pandémie du Coronavirus, la ligue décide de se redonner un coup de boost, en opérant un léger lifting à son hymne chéri. Pour les 20 ans de la compétition, une version moderne est alors réalisé en collaboration avec le rappeur canadien Ashtøn Case pour mieux convenir à l’essence moderne de la compétition et pour s’adapter à la nouvelle génération de fans. Le message reste le même, mais un couplet est ajouté par l’artiste nord-américain qui rend hommage à sa façon au basketball européen. C’est donc ce remix qui est aujourd’hui l’hymne officiel et que nous entendons au début et à la fin de chaque rencontre.

 

 

Paroles :

Here now,                                      Ici et maintenant

In this game                                   Dans ce match

One goal,                                       Un seul but

One team                                       Une équipe

Fight for that possession,           Se battre pour cette possession

Gotta act fast                                On doit faire vite

Another shot,                                Un autre shoot

Another pass                                 Une autre passe

From the top of the key              De la tête de raquette

You wanna hear that mesh        Tu veux entendre cette ficelle

Listen to them fans                      Ecoute ces fans

They showing their respect        Ils montrent leur respect

Cause it’s worldwide                   Car c’est à travers le monde

We strive to be the best             Nous luttons pour être les meilleurs

With every single win                  Avec chaque victoire

You feel it in your chest               Tu le sens dans ta poitrine

That’s how we play the game    C’est comme ça qu’on joue

That’s how we change it up       C’est comme ça qu’on change les choses

Right from the opening tip         Dès le premier ballon

Down to the winning dunk         Jusqu’au dunk de la victoire

 

Devotion!                                       Dévotion

Devotion!                                       Dévotion

To get the glory,                           Pour la gloire,

gotta fight for the win                 se battre pour la victoire

Devotion!                                       Dévotion

Devotion!                                       Dévotion

Dig out all that passion,          Sors toute cette passion

right from within                      fais la surgir de l'intérieur 

Devotion!                                       Dévotion

Devotion!                                       Dévotion

Feel that devotion                       Sens cette dévotion

in us every day                             en nous chaque jour

Devotion!                                       Dévotion

Devotion!                                       Dévotion

I feel Devotion                              Je sens la dévotion

 

 

Alex Ferrer Kristjansson, directeur marketing de l’EuroLeague à cette époque, revient sur cette décision de rafraîchir le mythique Devotion :

 

‘’L’EuroLeague a tellement grandi et évolué depuis l’hymne original, qu’on avait besoin de le mettre à jour avec un remix qui incarne toute cette créativité, cette tenacité, cette humanité mais aussi la passion qu’on voit dans la compétition, chez les équipes et leurs fans. L’esprit de compétition qui rend cette ligue unique, toute la passion qui l’anime et l’entoure s’entendent parfaitement dans la nouvelle version. Cela touchera les jeunes fans pour qu’ils préservent toutes les valeurs qui ont fait grandir la ligue jusqu’à aujourd’hui.’’

 

              Comme vous le voyez, on ne rigole pas chez l’EuroLeague et l’hymne a un rôle bien plus important qu’on ne le croit. Au-delà de donner une identité musicale à la compétition, il transmet un message dont la portée s’étend de saison en saison.

 

 

L’ARRIVÉE DE L’HYMNE

 

              Voyons voir maintenant comment l’hymne fut adopté par les acteurs de l’EuroLeague. A sa sortie, il n’a pas fallu longtemps pour qu’il joue son rôle. Dès le début de l’année 2006, la petite musique prend sa place dans le rituel d’avant match. Mais attention ! à l’époque, la bande sonore est simplement diffusée durant les dernières minutes de l’échauffement, entre la présentation des effectifs et l’annonce des titulaires. Et oui, juste avant l’entre-deux, les joueurs des deux équipes se checkaient donc simplement avant de se mettre directement en place sur le parquet. Il faut attendre la saison 2014-2015 pour que l’hymne retentisse au moment où les deux cinq-majeur s’alignent devant la tribune présidentielle comme on en a l’habitude aujourd’hui, à l’instar des footballeurs de la Ligue des Champions. En Lituanie comme en Espagne, en Israël comme en Grèce,… partout sur le continent, un même chant s’élève alors dans les salles pour lancer les hostilités du grattin européen. Les joueurs s’y font aussitôt et profitent de ces notes pour rentrer dans leur partie. David Vanderpool, ailier du CSKA Moscou entre 2005 et 2007, a donc connu l’introduction de l’hymne dans les salles d’EuroLeague. Voici comment il en témoignait :

 

‘’Devotion me motive à fond, parce que quand tu joues au basketball, tu dois donner beaucoup. Beaucoup d’efforts, beaucoup de travail, beaucoup de temps,… et devotion c’est ça : être à fond, être à 120% chaque fois que tu poses un pied sur le parquet. J’adore cette chanson. L’air rentre dans la tête et a commencé à rentrer en moi, surtout la saison passé, quand je l’entendais retentir avant chaque match d’EuroLeague. Quand on a gagné l’EuroLeague la saison passée [2006 ; ndlr], c’est quelque chose à laquelle j’ai particulièrement pensé. Ça me vient même à l’esprit pendant des interviews, c’est quelque chose qui est resté en moi’’ (via Sportcal)

 

              L’objectif recherché par l’EuroLeague était donc atteint, les grandes paroles de l’hymne et son air légendaire réussissent à transcender ses acteurs. Mais la mayonnaise semble avoir prise également auprès des fans, ceux pour qui l’hymne avait d’ailleurs était composé en priorité. C’est du moins ce dont Pedro Galvan se félicitait, lui qui était directeur marketing de l’EuroLeague cette année-là :

 

‘’On se réjouit des bon retours que l’on a reçu à la fois des joueurs et des fans à propos de notre hymne. Cet hymne exprime la passion et la force que le basketball de l’EuroLeague transmet à des millons de gens à travers le monde.’’ (via Sportcal)

 

              L’accueil de cette hymne par les fans semblent donc être un succès aussi, et il est vrai que les spectateurs ont adopté la chanson ne manquant pas de la fredonner le moment venu. Cependant on peut émettre quelques réserves si l’on se rend bien attentif. En effet, les Ultras les plus chauds d’Europe n’hésitent jamais à continuer leurs chants de supporters, quand bien même la bande-son de l’EuroLeague se met en route. Les Delije, supporters ultras de l’Etoile Rouge, s’en donnent ainsi à cœur joie pour chaque réception en couvrant le pauvre hymne par leur hymne à eux, souvent avec bien plus de décibels. Le public du Zalgiris, quant à lui, met un point d’honneur à chanter aussi et surtout l’hymne national lituanien avant leurs rencontres à domicile. On peut également mentionner les fans du Panathinaïkos qui, en 2018, s’en était pris à la petite musique en la sifflant copieusement suite à des conflits entre la direction de l’EuroLeague et leur président Giannakopoulos. Pour autant, si cet hymne ne fait pas totalement l’unanimité, elle n’en est pas loin, et le sens commun s’accorde à dire qu’il représente une belle plus-value pour la compétition et qu’il joue parfaitement son rôle de galvanisateur.

 

 

LE THE VOICE DE L’EUROLEAGUE

 

              Voilà, vous savez tout de l’hymne de l’EuroLeague, on pourrait vous laisser là, mais on a encore une petite surprise pour vous… Car ce serait bien bête de faire un article sur cette hymne sans vous parler du concours ‘’I sing devotion’’ que l’EuroLeague avait organisé lors de la saison 2013-2014. Vous allez voir, c’est des barres. Le principe est simple : des candidats de chaque équipe sont séléctionnés pour interpréter a capella l’hymne mythique de la compétition. S’en suit un vote du public pour désigner la plus belle voix de l’EuroLeague. C’est ainsi qu’on voit défiler des joueurs comme Kostas Papanikolaou ou Rasko Katic, qui nous livrent tour à tour leurs plus belles vocalises. Et devinez qui on a trouvé au milieu de ces petits chanteurs à la balle orange ? les jeunes Thomas Heurtel et Fabien Causeur qui à l’époque faisaient la paire à Baskonia et qui nous ont offert-là le plus beau featuring du basket français depuis Tony Parker avec Booba. On vous laisse découvrir le résultat :

 

 

Bah franchement, si on met de côté le maillot dégueulasse de Baskonia à l’époque, qu’on passe sur la coupe au gel douteuse de Causeur et qu’on oublie la gêne évidente d’Heurtel, … c’est pas mal hein ! Et c’est pas fini ! Car qui voit-on en face pour tenter de leur ravir le titre ? Paul Lacombe ! Lui-même. Outre l’émotion que ça nous procure de voir un joueur de la SIG en EuroLeague, c’est un régal de voir notre Paul Popox se prêter au jeu. Attention, orgasme auditif en approche :

 

 

Ah qu’est-ce qu’on l’aime notre Polo, m’enfin on le préfère sur le terrain quand-même…

 

 

              Je suis mentaliste. Je peux deviner la chanson que vous avez en tête lorsque vous lisez ces lignes. Plus sérieusement, ce mythique ‘’I Feel Devotion’’ a su pleinement s’implanter dans la culture EuroLeague et fait aujourd’hui partie intégrante de ces rendez-vous immanquables. Si bien qu’il devient difficile d’avoir un autre air en tête lorsqu’on se met à rêver de nos joueurs préférés ou lorsqu’on se remémore les heures de gloires de notre compétition favorites.

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