Sa démission finalement acceptée, le mythique entraîneur Zeljko Obradovic se retire donc du basket européen. Le coach le plus titré de l’histoire de l’EuroLeague a influencé toute une génération d’entraîneurs. En attendant peut-être un retour de la légende, tour d’horizons de ses fils spirituels.
Zeljko Obradovic part, mais sa magie continuera d’enchanter le basket européen à travers d’autres. Anciens joueurs qu’il a marqué à vie ou assistants à qui il a tout donné, ils sont nombreux à faire vivre la philosophie du Zoc dans le monde du basket. Même Gregg Popovich, considéré par beaucoup comme le plus fin tacticien de l’histoire de ce sport, avait confié un jour : « Très honnêtement, je pique des systèmes à Zeljko Obradovic tout le temps ». L’entraîneur préféré de ton entraîneur préféré, littéralement.
S’il laisse un vide immense derrière lui, la légende du coaching a eu le temps d’inspirer toute une génération d’entraîneurs. Des héritiers qui se retrouvent aujourd’hui leader de l’EuroLeague, qui se font face en finale, etc… Liste non exhaustive de ses fils spirituels.
Dimitris Itoudis, le fidèle bras-droit
Treize ans de vie commune, ce n’est pas rien. Si Dimitris Itoudis fait aujourd’hui partie des cerveaux références du basket européen, c’est qu’il a tout appris avec Zeljko Obradovic. Adjoint de la légende pendant son règne athénien, de 1999 à 2012, il contribue ainsi aux cinq couronnes européennes du Pana sur la période.
Une expérience incomparable qui propulsera sa carrière d’entraîneur principal, lorsqu’Obradovic quitte les Verts pour le Fenerbahçe en 2012. Il débarque à la tête du géant CSKA Moscou dès 2014, et, comme un clin d’œil de l’histoire, il remporte la première de ses deux EuroLeagues face à son mentor, en 2016. Au terme d’une finale épique, achevée par une prolongation suffocante, les deux hommes se jettent dans les bras : l’élève s’excuse presque d’avoir battu le maître. Le technicien grec remontera sur le toit de l’Europe trois ans plus tard. Aujourd’hui en tête de l’EuroLeague avec son club de l’Hapoël Tel-Aviv, avec un effectif fourni à tous les postes, il a de quoi briguer un troisième titre. Il est l’héritier parfait.
Sarunas Jasikevicius, le bon élève
Pendant le sacre de son Fenerbahçe à Abu Dhabi en mai dernier, Sarunas Jasikevicius en profitait pour devenir le troisième coach de l’histoire de l’EuroLeague à qualifier son équipe au Final Four cinq années de suite. Les deux autres ? Zeljko Obradovic et Dimitris Itoudis. Hum, comme un p’tit point commun là… En tant que joueur, Saras a été l’un des hommes forts de ce Pana irrésitible à la fin des années 2000. Il y remporte le graal en 2009 sous la houlette du génie serbe. Par la suite, costard sur les épaules, le Lituanien finissait par retrouver le toit de l’Europe avec le Fener. « Je n’avais pas de doutes qu’il deviendrait l’un des meilleurs coaches en Europe », avait ainsi lâché Obradovic, dès le début de la nouvelle carrière de Jasikevicius en 2016.
Dans le jeu, les équipes du jeune coach ont des traits communs avec celles de la légende serbe. Jan Vesely, passé du Fener de l’un au Barça de l’autre, comparait ainsi les deux hommes : « Leur philosophie et leur compréhension du basket sont similaires. Ils sont tous les deux perfectionnistes et conscient que les moindres détails comptent. » Au final les résultats sont les mêmes, et Saras, lui, ne fait que commencer sa moisson de coach.
Vassilis Spanoulis, l’enfant prodige
Qui d’autres que Zeljko Obradovic, peut se vanter d’avoir inspiré les deux hommes qui se disputent le titre suprême ? Coéquipiers au Panathinaïkos sous la main du mythique Serbe, Vassilis Spanoulis et Sarunas Jasikevicius se retrouvaient en finale de l’EuroLeague, en mai dernier. Alors forcément, le nom de l’illustre entraîneur était venu très tôt dans la conversation. « On a appris de tous les coachs qu’on a eus, mais avec Coach Obradovic on a appris les meilleurs leçons. C’était un privilège de l’avoir », confiait l’entraîneur de l’AS Monaco.
Pendant quatre saisons, l’arrière grec a grandi avec le Zoc sous le maillot du Pana, devenant le grand joueur qu’il était appelé à devenir, avant de signer pour le rival Olympiakos en 2010. Quatre saisons, pendant lesquelles il glanera un titre, en 2009, obtenu en tant que MVP du Final Four, et surtout une expérience inoubliable. « Il était incroyable. Il amenait ses joueurs à un autre niveau par ce qu’il disait et enseignait. Je le remercie pour tout ce qu’il m’a appris sur le basket et sur la vie. » (via Cosmote TV) Avec Zeljko, l’inspiration dépassait le simple cadre du basket.
Sasa Obradovic, le bien nommé
Avec un nom pareil on réussit forcément dans le basket. Celui qui fait aujourd’hui le bonheur de l’Etoile Rouge, n’a jamais caché son admiration pour Obradovic le Grand. « C’est un homme unique dans le basket,confiait-il dans un entretion accordé à Mozzart Sport, début 2023. C’est l’un des plus grands entraîneurs de toute l’histoire. Je crois qu’aucun coach n’arrivera un jour à égaler son palmarès. Il a construit une œuvre tout simplement exceptionnelle et incomparable. »
Mais Sasa et Zeljko ont plus qu’un nom en commun. Pendant sa carrière de joueur, l’ex-entraîneur de Monaco a honoré la plupart de ses sélections nationales sous les ordres de son homonyme, au sein de la puissante équipe de Yougoslavie. Un souvenir qui ne laisse pas indifférent : « Nous avons gagné pas mal de médailles tous ensemble ! Sa principale caractéristique est son exigence et son grand dévouement, que l’on retrouve dans chaque entraînement, et qui ont fait qui je suis ».
En tant qu’entraîneur serbe, Sasa se charge d’entretenir l’héritage et se nourrit de cette inspiration au quotidien : « Je suis entraîneur depuis 18 ans. Le rôle que j’ai eu sous sa direction m’a beaucoup aidé à comprendre certaines choses que je reproduis en tant que coach. » Alors, Belgrade reviendra-t-il sur le toit de l’Europe sous les ordres d’un Obradovic ?
« Je lui ai dit que je voulais être comme lui, en tant qu’entraîneur et en tant que personne. »
Xavi Pascual
Xavi Pascual, le bon disciple
Fraîchement nommé sur le banc du Barça, le Catalan fait partie des grands noms du coaching du basket européen. Lui-aussi a mis un soupçon de Zeljko Obradovic dans son jeu pour trouver la recette de la victoire. « En grandissant, Zeljko Obradovic est devenu mon idole, expliquait-il à TV Arena Sport, en octobre dernier. Plus tard, quand je l’ai rencontré, j’ai voulu lui ressembler. Lors de notre rencontre, je lui ai dit que je voulais être comme lui, en tant qu’entraîneur et en tant que personne. » Rien que ça. Et ressembler au Goat a porté ses fruits puisque Pascual ramenait une EuroLeague aux Blaugranas en 2010, avec Navarro, Rubio et consorts sous ses ordres. L’objectif reste le même avec la bande à Punter.
Oded Kattash, le bien inspiré
Deux ans ont suffi pour graver la mémoire d’Oded Kattash à vie. Alors qu’il avait toujours joué dans son championnat israélien jusque-là, Oded Kattash décide de découvrir le championnat grec en signant au Panathinaïkos en 1999. En débarquant au même moment qu’un certain entraîneur nommé Zeljko Obradovic, déjà triple vainqueur de l’EuroLeague (Partizan, Badalona et Real), sa carrière prend un autre tournant. Des années plus tard, l’actuel entraîneur du Maccabi Tel-Aviv raconte : « Zeljko est le meilleur pour moi. J’ai énormément appris de lui, d’abord comme joueur et encore aujourd’hui en tant qu’entraîneur. Chaque fois que je regarde son équipe jouer, j’apprends. […] La saison 1999-2000, c’était très difficile pour moi les deux-trois premiers mois. Zeljko était très exigeant avec moi, mais une fois que j’avais passé le test, il me faisait vraiment confiance et il a fait de moi un joueur meilleur. » (via Meridian Sport, en 2024) Aux commandes du Maccabi depuis 2022, Kattash est passé tout près de ramener le club nation au Final Four, tombant au match 5 contre Monaco en 2023 puis le Pana en 2024.
Erdem Can, l’humble adjoint
Lorsqu’Erdem Can, alors tout juste nommé entraineur principal de l’Anadolu Efes, retrouvait son mentor avant un match de pré-saison en 2023, il était venu non pas serrer sa main mais l’embrasser. Le geste avait fait réagir à l’époque, mais Erdem Can savait ce qu’il faisait. « Lorsque je salue un professeur à l’université je fais la même chose. C’est une marque de respect. » (via Meridian Sport). Entraîneur adjoint au Fenerbahçe de 2012 à 2021, celui qui dirige aujourd’hui le Turk Telekom d’Ankara a donc tout connu du mandat d’Obradovic à Istanbul, remportant notamment l’EuroLeague en 2017. « Zeljko est mon idole, Je le considérerai toujours comme tel. Pas seulement comme entraîneur mais comme personne. Je suis heureux d’avoir une telle personnalité comme modèle dans ma vie ». Pas mal comme déclaration d’amour.
L’Obradovic ball reste ainsi omniprésent en EuroLeague, et sa philosophie transpire dans tout le basket européen. Jaka Lakovic, ancien du Pana et entraîneur de Gran Canaria depuis 2022, et Ekpe Udoh, ex-Fener et désormais assistant coach au Atlanta Hawks, sont autant de noms supplémentaires qui se revendiquent de la philosophie Zeljko. L’héritage laissée par la légende est immense, et n’a pas fini d’émerveiller nos parquets. En attendant, qui sait, un retour prochain.
