[Depuis Paris]
Ses héros partis aux quatre coins de l’Europe après une saison mémorable, le Paris Basketball tente d’entretenir la flamme avec son nouveau coach et ses recrues. Bien que l’identité soit conservée, le club de la Capitale peine à briller autant. Résultats, recrues, Hifi,… Anatomie de « la saison d’après ».
Il y a presqu’un an jour pour jour, au Pirée, Nadir Hifi tuait le match par l’une de ses bombes longue distance dont il a le secret, avant de laisser éclater sa joie dans un Stade de l’Amitié et de la Paix réduit au silence. Un cri de rage qui se retrouvera en Une de l’Equipe le lendemain. En terrassant l’Olympiakos, le Paris Basketball venait de signer une dixième victoire d’affilée en EuroLeague, trois petits mois après ses débuts sur la grande scène européenne.
Douze mois plus tard, la scène a bien changé. Sans le magicien TJ Shorts et ses acolytes, la fièvre parisienne peine à produire le même effet de surprise. Avec une petite victoire sur les sept derniers matchs, le club de la Capitale enchaîne les défaites frustrantes. « Tous les matchs qu’on perd, ça se joue à des détails, on perd de peu à chaque fois. Donc on est là », analyse Yakuba Ouattara, lorsque nous le rencontrons après la victoire face à Valencia, le 13 novembre dernier.
Encore face à Dubaï, les protégés de David Kahn échouaient dans le money-time. Comme face au Bayern, face à l’Hapoël, face à l’Olympiakos, face au Pana,… « On a le potentiel pour gagner ces matchs, assure Yakuba Ouattara. Mais il manque ce petit plus qui va nous faire passer de ‘’bonne équipe’’ à ‘’très bonne équipe’’. » Actuellement 13e du classement, ce Paris Basketball orphelin de ses héros d’antan est encore en rodage.
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« TOUT LE MONDE ESSAYE »
Même avec des acteurs différents, l’envie d’entretenir la flamme est restée intacte. « On est chanceux d’avoir signé de bonnes personnes, nous confie le capitaine courage Sebastian Herrera. C’est toujours difficile à très haut niveau de signer de bonnes personnes, qui s’intègrent à un groupe et travaillent dur en même temps… et c’est ce qu’on a fait. On a, encore cette année, un très bon vestiaire.»
Cet été, le club faisait le choix de la continuité en engageant coach Francesco Tabellini, artisan du jeu rapide et du basket total, et en prenant soin de recruter des hommes compatibles à l’identité parisienne. Grâce à leurs rotations toutes les trois minutes, changeant d’un coup les cinq joueurs sur le parquet, les Parisiens parviennent à emmener leurs adversaires sur leur terrain et imposer leur rythme.
A défaut d’être leader comme il y a un an, le Paris Basketball mène l’EuroLeague au nombre de possessions par match après 12 journées. Une bonne base pour mettre toutes les chances de son côté. « On a essayé d’adopter une approche similaire à la saison dernière, mais c’est toujours difficile. Il y a beaucoup de nouveaux, ils essayent d’assimiler les systèmes, moi-même j’essaye d’assimiler les nouveautés propres au nouvel entraîneur. Ce n’est pas facile », poursuit Herrera avant de souligner : « Mais je sens que tout le monde essaye, au moins, et c’est très important ».
Avec les succès de début de saison, le club est toujours dans la course aux Play-in, à deux victoires du Top 10. Mais il serait bon de vite inverser la spirale négative. « Il faut garder la même énergie que la saison dernière, insiste l’expérimenté Ouattara. Il ne faut pas rester abattu trop longtemps lorsqu’on perd, il faut arriver à vite tourner la page et tout de suite se concentrer sur ce qui arrive. »
LA RÉVÉLATION JUSTIN ROBINSON ?
Tout le monde essaye, oui. Amath Mbaye apporte son expérience, Joël Ayayi et Jérémy Morgan n’ont pas de mal à apporter leur contribution, malgré leur statut de rookie en EuroLeague. Le tout jeune Mouhamed Faye fait un début de saison de géant dans la peinture.
De son côté, Justin Robinson, à qui revenait numériquement la lourde tâche de remplacer TJ Shorts, multiplie les perfs. Sur le parquet de l’Olympiakos, en l’absence de Nadir Hifi, il prenait feu avec 35 points. Jamais un Parisien n’avait signé une telle performance au scoring en EuroLeague. Mais contrairement à il y a un an, le club de la capitale repartait du Pirée avec la défaite. En attendant Robinson s’invite tranquillement dans le top 10 des meilleurs scoreurs de la ligue. Voilà une nouvelle perle dénichée et révélé par le club.
« C’est le rôle de Nadir de prendre ces shoots. Il peut en louper 20, on sait qu’il est capable de mettre le 21e. »
yakuba ouattara
Avec Nadir Hifi, c’est un vrai monstre à deux têtes que tient Francesco Tabellini. Jusque-là, les deux leaders offensifs n’ont que rarement été associés, toujours placés dans les deux cinq différents que le technicien italien fait alterner sur le parquet, sauf rares exceptions sur certains money-time. De quoi garantir une efficacité continue, mais aussi de permettre à l’adversaire de cibler plus facilement le danger, peut-être.
VIVRE ET MOURIR AVEC NADIR HIFI
Nadir Hifi parlons-en. TJ Shorts parti, l’arrière a la tignasse a pris les responsabilités que son immense talent impliquent. Sans opportunité de briller avec l’équipe de France à l’Euro, c’est donc sous le maillot de la Capitale qu’il part conquérir le continent.
Etoile montante de la ligue l’an passé, le voilà aujourd’hui meilleur scoreur. En seulement 23 minutes. Une efficacité à nuancer, car même avec un temps de jeu moindre que ses concurrents, Nadir Hifi est le joueur qui prend le plus de tirs en EuroLeague, avec presque 17 tentatives par rencontres. Carsen Edwards, deuxième, shoote 15 fois. « C’est son rôle de prendre ces shoots là, nous défend Yakuba Ouattara. C’est lui notre leader. »
Vivre ou mourir avec Nadir Hifi. L’arrière alternent ainsi les coups de chauds salvateurs et les pannes d’adresse fatales pour les siens, comme face à l’Anadolu Efes (2/16 au shoot dont 0/8 à 3pts). Contre Valencia, il est à 2/14 avant d’inscrire le shoot qui redonne définitivement l’avantage (87-86, 39’). Une confiance imperturbable ; du Nadir Hifi dans le texte. « Sur ce genre d’actions, on sait qu’il va prendre le shoot, et surtout, qu’il va le mettre. Il peut en louper 20, on sait qu’il est capable de mettre le 21e », continuait de nous décrire Yakuba.
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Le Paris Basketball a la chance de compter un poignet d’orfèvre dans ses rangs. Mais le talent ne manque pas autour de lui. Paris a toujours gagné par la force du groupe.
Jamais très loin de l’emporter, il ne reste au club de la capitale plus qu’à fédérer les nouvelles troupes pour retrouver ce supplément d’âme. Faire basculer les rencontres du bon côté. Faire basculer l’Europe dans sa folie qui l’a emmené si haut la saison passée. Que cette saison ne soit pas simplement la saison d’après, mais le lancement d’un nouveau cycle glorieux.
