[Depuis Villeurbanne]
Dans un contexte tourmenté, l’Asvel tente de survivre comme elle peut dans cette EuroLeague. En l’emportant contre le Partizan Belgrade, elle s’est permis de respirer et peut espérer des jours meilleurs avec les retours de blessure progressifs.
Une éclaircie dans la tempête. Alors que les éléments se déchaînent contre l’Asvel en ce début de saison, Glynn Watson Jr offrait une bouffée d’air monumentale à son club, vendredi soir. Par deux tirs plein de sang-froid, le meneur de poche libérait l’Astroballe pour un succès ô combien précieux contre le Partizan. « On est toujours en vie », confirmait après le buzzer final Shaquille Harrison. Il y avait pourtant de quoi en douter.
Le sursaut d’orgueil était irréel. Son explication tenait en un mot : résilience. Un mantra signé Pierric Poupet et dont tous les survivants du vestiaire se sont visiblement emparé pour affronter les épreuves. « Il y a quelques semaines, j’avais dit à mes joueurs d’être résilient, confiait le jeune entraîneur après la rencontre face au Partizan. J’en déduis que les efforts payent, donc nous devons continuer sur cette voie. Après tout ce qu’on a traversé, les blessures, ces longs déplacements, les défaites,… c’est bon de gagner. Toutes les victoires en EuroLeague sont de grandes victoires. »
Le bateau tangue, mais n’a pas complétement coulé encore. La victoire probante contre les hommes de Zeljko Obradovic a des allures de réveil après le cauchemar de début de saison.
« ON A DES BON GARS DANS CETTE ÉQUIPE »
Le chef d’œuvre de clutchitude offert par Glynn Watson Jr est symbolique. Encore à Gravelines la saison dernière, le meneur se retrouve aujourd’hui avec le sort d’une équipe d’EuroLeague entre ses mains quand le money-time arrive. Une ascension fulgurante, précipitée par une cascade de blessures hallucinante sur les lignes arrières rhodaniennes. Thomas Heurtel, Nando De Colo, Edwyn Jackson… les vétérans écartés des parquets, les inexpérimentés de l’EuroLeague se retrouvaient seuls pour mener la barque.
Mais aujourd’hui les retours se précisent. Celui de Shaquille Harrison a fait la différence lors de la dernière journée, celui de la paire Nando De Colo-Thomas Heurtel dans quelques jours sera tout aussi précieux. De quoi laisser présager des jours meilleurs. « Quand tout le monde sera de retour, je pense qu’on peut surprendre, avance Shaquille Harrison. On a vraiment des bons gars dans cette équipe. On a des gars qui défendent durs, on a des gars qui mettent des gros shoots, on a des gars avec une grosse activité… Tout le monde connait son rôle. On reste ensemble. »
« La NBA quoi ?
Pierric poupet
Ça ne m’intéresse pas »
Une solidarité dans l’épreuve. Et dans l’orage, quelques rayons ont percé : Glynn Watson, certes, mais aussi Armel Traoré qui ne cesse de monter en puissance, et Zac Seljaas qui a retrouvé l’adresse au dernier match. Pendant ce temps, Vautier, Massa se forgent et Mbaye retrouve toute sa splendeur d’avant blessure. « C’est agréable d’avoir des joueurs qui ont envie de grandir, et qui prennent tout ce qu’on a à leur donner, commentait Poupet. C’est l’essence du métier de coach, de donner pour que les joueurs grandissent. On donne, ils grandissent et se mettent en avant et nous, on se nourrit de leur mise en avant. »
RETOUR À L’ESSENTIEL
La prouesse est à souligner, tant le contexte fait trembler l’institution : discussions de Tony Parker avec la NBA Europe, sortie de l’EuroLeague en vue, sanctions de l’EuroLeague, procès,… Au milieu des tourments, Pierric Poupet tente de garder son vestiaire au calme. « La NBA quoi ? » nous répond-il même avec un sourire en coin, lorsque nous posons le sujet sur la table. « Tout ça ne m’intéresse pas, balaye-t-il. J’ai une réalité du quotidien à gérer avec mes joueurs. Tout ce qui m’intéresse c’est de savoir comment on reste en forme, comment on se projette sur le match d’après, comment on arrive à vivre ensemble pour faire abstraction de tout ce qu’il y a derrière. Je suis coach, donc je vais coacher. »
Avant de conclure : « On va faire confiance à la direction pour faire les meilleurs choix pour l’avenir. Les dirigeants s’occupent de diriger et de prendre les décisions pour l’avenir. »
Les joueurs se préservent pour se concentrer sur l’essentiel. « Tout de façon, je n’ai plus Instagram, donc ne sais pas ce qu’il se passe, nous répondait de son côté Shaquille Harrison. Ça ne me touche pas. Ma foi est dans Jésus Christ. Je vis le moment. Je reste concentré sur ce que j’ai à faire. »
Difficile de jouer une compétition à fond lorsqu’on sait qu’on n’y existera plus dans un futur très proche. Difficile de s’y retrouver lorsque les cadres ne peuvent être présent sur le parquet. Dans la simplicité et l’humilité, Pierric Poupet et les siens traversent la tempête comme ils peuvent, glanant quelques instants de pur bonheur, comme vendredi soir dernier face au Partizan. Espérons ces parenthèses enchantées plus nombreuses encore sur le reste de la saison.























