Zoom sur Marius Grigonis : le lieutenant inattendu du Panathinaïkos

Chaque semaine, EuroLeague France se penche sur les acteurs silencieux de la grande ligue. L’occasion de mettre en lumière ces hommes qui évoluent dans l’ombre des grandes stars, mais qui ne sont pas moins essentiels à leurs équipes. Aujourd’hui, zoom sur Marius Grigonis : le lieutenant inatendu du Panathinaïkos.

SORTI DE NULLE-PART

Un lancer-franc d’Elie Okobo : la balle ne touche pas le cercle. Un temps-mort, une passe de Mitoglou, un shoot de Marius Grigonis : la balle ne touche pas plus le cercle. Seulement, c’est ce dernier vient de transpercer la ficelle pour crucifier son adversaire d’un tir d’assassin. L’ensemble des joueurs du Pana se jettent alors sur l’homme qui n’aurait jamais dû faire partie des leur et qui vient pourtant de les sauver. Encore la semaine dernière sur le parquet de Madrid, le Lituanien à qui le vert va si bien plante le coup de poignard : un tir à 3pts qui donne huit unités d’avance à deux minutes du buzzer final. Le géant madrilène ne reviendra pas, le champion est à terre. Un shoot comme point d’exclamation d’une nouvelle performance individuelle aboutie de l’arrière avec 11pts ; un shoot comme symbole d’une victoire retentissante ses siens.

LE DERNIER DES MOHICANS

              Et pourtant, il y a quelques mois de cela, personne imaginait Marius Grigonis jouer un tel rôle dans le succès du Panathinaïkos. Le ‘’il y a quelques mois’’ en question, c’est tout simplement cette période folle du mercato l’été dernier, qui a vu le Pana changer l’intégralité de son effectif. Exit les cancres de la piètre saison 2022-2023, dehors les Lee, Papagiannis, Bacon et compagnie, on fait de la place pour les nouvelles stars qui sauront redorer le blason. Kostas Sloukas, Luca Vildoza, Jerian Grant, Kyle Guy : Ataman et Giannakopoulos ont tout prévu pour couvrir les lignes arrières. Dans les plans, le nom de Grigonis n’est donc pas vraiment de la partie et le voici gentiment invité à suivre ses petits camarades à l’aéroport d’Athènes pour quitter les lieux. Mais après mûre réflexion, et après d’innombrables pots de départ ou pendaisons crémaillères, Marius décide finalement de rester. Le Lituanien est donc le seul rescapé de ce Pana moribond de la saison passée, et prend son courage à deux mains pour se greffer au nouveau projet XXL du club. Ergin Ataman, bien que n’ayant pas de minutes à lui offrir dans ses prévisions de rotation, ne le refuse pas. C’est le début de la belle histoire.

DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE

              Dès la préparation, l’arrière gringalet fait preuve d’un comportement exemplaire et montre séances après séances qu’il a toute sa place dans ce vestiaire. La saison approche et Ataman se rend à l’évidence : Grigonis sera bien de l’aventure. Et Grigonis saisit à pleine main la chance donnée par le technicien turc. Le Lituanien dispute l’intégralité des matchs et se donne corps et âme à chaque sorties européennes : 27 journées d’EuroLeague, 27 matchs disputés, 26 en tant que titulaire. Marius Grigonis est un élément clé de ce Pana new-look, en témoigne ses plus de 10pts de moyenne jusque-là. De non-désiré à starter indiscutable, il est ainsi devenu un joueur essentiel contribuant jour après jour à la réussite d’un projet qui fut pourtant dessiné sans lui.

Sa fiabilité derrière l’arc est toujours une arme létale dont Ataman ne se prive pas, surtout dans les money-times brûlants. Avec près de 28 minutes par match, il est même le 4^ème homme le plus utilisé de l’effectif, bien devant les Sloukas, Nunn, et Vildoza qui étaient censé lui prendre sa place. Lui qui a connu l’enfer de la saison passée, il est l’incarnation parfaite de la transformation athénienne. Après avoir connu les bas-fonds de l’EuroLeague sous la tunique au trèfle, il pourrait donc bien connaître les sommets sous ce même maillot. Un maillot dont son amour ne fait désormais plus aucun doute.