Naturalisés FIBA : les raisons d'un scandale

Feb 25, 2024 - 19:39
Mar 25, 2024 - 19:19
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Naturalisés FIBA : les raisons d'un scandale
crédits photo : Basket universo / BasketNews

Opportunité pour les uns, scandale pour beaucoup d’autres, les naturalisations FIBA n’ont cessé de diviser le monde du basket. Il faut dire qu’à chaque compétitions internationales, de nouveaux visages inattendus viennent garnir les rangs des différentes sélections. D’où vient ce passe-droit inédit ? Quelles en sont les conséquences ? EuroLeague France s’est penché sur l’épineux sujet.

 

ORIGINE DE LA RÈGLE

 

La règle est simple : pour représenter un pays, il faut avoir la nationalité de ce pays. Jusque-là rien de plus logique. Continuons… Pour avoir cette nationalité, il faut avoir un passeport, lequel peut être délivré à n’importe quel âge comme le précise la FIBA. Et c’est justement là que la magouille peut commencer, car le ‘’n’importe quel âge’’ peut même correspondre à la veille d’une compétition internationale. D’ailleurs, la manière par laquelle un joueur obtient sa nouvelle nationalité n’a pas d’importance aux yeux du règlement. Par conséquent, la FIBA explicite le sous-entendu avec le point suivant : une sélection est effectivement autorisée à naturaliser un joueur de nationalité différente dans le but d’intégrer son effectif.

Mais pourquoi donc un joueur aurait-il le droit de jouer pour un autre pays que le sien ? Pour quelle raison a-t-on nié le principe même de représenter un pays ? La FIBA justifiait ainsi l’instauration de ce joker, dans l’intérêt du développement du basketball dans le pays concerné. Développer le basket : l’intention est louable mais il est vrai que le résultat semble quelque peu incongru…

 

NB : Il est bon de rappeler que la FIBA limite heureusement ce passe-droit à un joueur maximum par effectif, empêchant toutes nations de débarquer avec 2 voire 12 Américains. Un bon point à noter pour notre sport malgré les controverses, et qui permet d’éviter les trop gros scandales à l’image de la sélection qatari de handball aux championnats du Monde 2015, où 11 des 16 membres de l’effectif n’étaient pas qataris dans les faits.

 

Maintenant, posons la question : est-ce qu’aujourd’hui en 2024, la culture du basketball a encore besoin d’être étendue ? Oui, dans une certaine mesure. Bien que le basket soit désormais un sport mondialement connu joué et regardé, certaines zones de notre globe ont besoin de continuer leur développement comme l’Afrique ou l’Asie. Lors de la dernière Coupe du Monde, la naturalisation du meneur américain Carlik Jones avait permis de faire briller le Sud Soudan, un pays où les infrastructures sont encore peu nombreuses. Espèrons que dans le sillage du meneur star de G-League, la participation prochaine du Sud-Soudan aux Jeux Olympiques donnent des idées et surtout des moyens de maintenir la progression.

De même, des nations comme la Chine ou les Philippines, où la popularité du basketball est énorme, ont pu compter sur les naturalisations respectives de Kyle Anderson et Jordan Clarkson pour tenter de s’illustrer. Les deux NBAers devenait ainsi des stars à chérir pour des millions de fans encore orphelins de sélections compétitives sur le circuit mondial.

Kyle Anderson et Carlik Jones sous leurs nouvelles couleurs lors de la dernière Coupe du Monde (crédits photo : TieBreaker Times) 

Il faut donc reconnaître que cette règle, en vigueur depuis la création des compétitions FIBA, a sûrement permis à des pays modestes de réaliser de beaux parcours et, par là, de populariser notre sport favori sur leurs terres.

 

Cette autorisation à faire jouer quelqu’un d’une autre nationalité peut donc avoir une légitimité, mais une légitimité provisoire. Car à l’origine, l’intention de la FIBA est de donner à une sélection les moyens de jouer du beau basket pour inspirer le peuple représenté, en attendant l’éclosion de talents locaux qui défendront par la suite leurs propres couleurs. Malheureusement, cette possibilité de naturalisation a été généralisée, et certaines nations pourtant bien développées en bénéficient donc aussi. La règle révèle alors toutes ces limites et perd totalement sa raison d’être dans certains cas. Le moment est venu de poser une seconde question : des nations comme l’Espagne ou la Slovénie ont-elles encore besoin de développer leur culture basket ? Pas vraiment. Peut-être que mon passeport français à moi enlèvera du crédit à ce propos, toujours est-il que le règlement comporte ici une faille.

 

Car ces dernières années, nous assistons bien plus souvent à des non-sens basketballistiques plutôt qu’à des main tendues vers des nations émergentes. Les stars américaines venues s’exporter en Europe se mettent à représenter n’importe lequel des pays européens. Les équipes nationales perdent de leur sens, les oppositions de leur saveur, les victoires de leur valeur. Alors peut-être est-ce l’heure pour la FIBA de constater que désormais le basketball est déjà bien développé dans de nombreux pays, et de limiter ce droit dont la majorité des nations n’ont plus besoin. En effet, il paraitrait plus pertinent d’octroyer cette possibilité au cas par cas, de la réserver aux sélections encore fébriles. Mais pour l’heure, aucun changement n’est prévu, puisque la FIBA a maintenu ses positions en septembre dernier. 

 

Sur ce point, des pays comme la Serbie, la Lituanie ou la Lettonie rappellent une fois de plus la grandeur de leur culture basket, eux qui renoncent à la naturalisation année après année. Davis Bertans, l’un des héros lettons aux derniers mondiaux faisait part de cet état d’esprit. Il répondait ainsi aux rumeurs qui voyait Mike James se rapprocher de la sélection balte :

 

‘’Je suis extrêmement fier de mon pays. Nous avons nos valeurs et nous voulons que chacun des joueurs de l’équipe soit letton. Dans les 12 hommes de l’effectif, tout le monde sera letton, aussi longtemps que je jouerai. Je peux vous le garantir. Et par ‘’letton’’ j’entends né et élevé en Lettonie, pas avec un passeport donné.’’

(via BasketNews, Septembre 2023)

 

Davis Bertans mettait aussi en avant l’importance que la chance soit donnée aux joueurs locaux. Car voici un autre travers de cette règle que l’on peut souligner : la star américaine naturalisée prend inéluctablement la place d’un joueur qui a travaillé dur toute sa carrière pour représenter son pays. Une certaine trahison de la fédération envers ses talents.

 

A l’inverse, Mike Tobey, le pivot slovène bien concerné par l’affaire, préferait retenir la compétitivité des équipes qui en découlait :

 

‘’Je suis sûr que dans le futur les équipes nationales vont le faire encore plus [naturaliser un joueur], car parfois ces équipes n’ont vraiment qu’une pièce manquante. Cela peut faire une grande différence, et cela peut aider les petits pays.’’

(via Cesare Milanti)

 

              L’intérieur de l’Etoile Rouge est bien placé pour le dire, lui qui occupe un poste 5 qui fait tant défaut à la Slovénie depuis de nombreuses années. Le visage de ce pays à seulement 2M d’habitants serait bien différent sans lui sur le parquet.

 Mike Tobey, désormais compatriote de Luka Doncic (crédits photo : Sportskeeda)

 

LE MERCATO DES SELECTIONS

 

              C’est l’une des conséquences regrettables de la loi FIBA : à l’instar des clubs sur les périodes de mercato, les sélections font leur petit marché pour voir quel américain perdu pourrait compléter leurs rangs, quel ‘’agent libre’’ pourrait s’engager au service de la patrie. Voici quelques moments où la règle de naturalisation a mené aux mouvements les plus insensés :

 

On peut mentionner le cas houleux de ce Lorenzo Brown qui en 2022 avait d’abord entamé des discussions avec Veljko Mrsic, le sélectionneur croate. Finalement aucun accord n’avait été trouvé avec la fédération, et le meneur avait filé en Espagne quelques semaines après pour disputer l’EuroBasket sous les couleurs de la Roja. La Croatie, quant à elle, avait affirmé son intérêt pour Jaleen Smith dans la foulée, un autre guard habitué du circuit européen.

 

Quelques années plus tôt en 2015, le grand Bryant Dunston était inclus dans le groupe slovène pour participer à l’Euro. Malgré sa présence durant la préparation, le pivot américain n’est pas parvenu à obtenir son passeport à temps et n’a donc pas été emmené à la compétition. La Slovénie s’est plus tard reporté sur un autre pivot, Anthony Randolph, pour son sacre de 2017 ; de son côté, Dunston a finalement porté les couleurs de l’Arménie, sans la même réussite.

 

Au début de la saison 2023-2024, Wade Baldwin exprimait son désir de jouer pour la sélection israëlienne après une saison pleine du côté du Maccabi Tel-Aviv. Deux mois plus tard, le média BasketNews révèle que l’arrière originaire du New Jersey serait en fait en discussion avec la Bosnie-Herzégovine. Des négociations doivent être en cours.

 

En 2017, la Bulgarie offre son passeport à Dee Bost pour épauler son Sasa Vezenkov national. Le meneur est intéressant et compte quelques expériences en EuroLeague. Malheureusement, la sélection échoue à se qualifier à l’Euro 2017 puis à la Coupe du Monde 2019, et ne parvient pas non plus à sortir des poules à l’Euro 2022. Après ces échecs successifs, la fédération bulgare remercie le natif de Charlotte, préférant le profil d’un certain Codi Miller-McIntyre pour le remplacer, un meneur en grande forme en EuroCup avec Gaziantep à ce moment-là. Le passeport est donné dans la foulée au joueur désormais bien connu de Baskonia, qui signe une performance majuscule pour faire tomber les champions du monde allemands lors de ses débuts en 2024.

 

Fin février 2024, l’Azerbaïdjan met à l’essai ses deux ‘’recrues’’ cain-ry  avec les fenêtres FIBA en guise de camp de détection : Zach Leday d’abord, Donta Hall ensuite. En se renseignant plus en profondeur, nous remarquons qu’un certain Shaquielle McKissic est également en possession du passeport. L’arrière de l’Olympiakos peut toujours servir de solution de secours si aucun des deux précédents ne fait l’affaire.

 

Les premiers pas de Zach Leday sous le maillot de l'Azerbaïdjan le 22 février dernier (crédits photo : FIBA)

(liste d’exemples non exhaustive…)

 

Voilà donc la matérialisation des craintes que l’on peut formuler à l’égard de ce règlement. Les joueurs et sélections se choisissent, parfois avec les mêmes codes qu’un marché des transferts entre clubs. Certains montent leur superteam à l’image des Bahamas d’Eric Gordon. La sélection carribéenne lorgnerait désormais sur Klay Thompson dont le père est bahaméen, mais aussi sur Evan Mobley, son frère Isaiah, ainsi que Naz Reid pour emmener la meilleure équipe possible aux Jeux Olympiques. A voir si la FIBA multiplie ses accords, elle qui avait déjà fait une entorse à la règle en faisant fi des campagnes américaines d’Eric Gordon.

D’autres encore choisissent le meilleur projet sportif pour la suite de leur carrière comme Joël Embiid qui a finalement tranché pour les Etats-Unis, au détriment du Cameroun et de la France au terme d’un véritable feuilleton.

 

Bientôt faudra-t-il intégrer un General Manager au staff de sa sélection nationale…

 

 

L’ESPAGNE : L’EXEMPLE EN LA MATIÈRE

 

Venons-en au cas de nos chers voisins pour notre quart d’heure chauvin. Ce paragraphe ne retirera rien du palmarès et du mérite des Espagnols, mais force est de constater que la sélection ibère est un modèle en terme de naturalisation. Elle est même sûrement la fédération qui a le plus utiliser son droit dans l’histoire de notre sport. Revenons donc sur ce prestigieux historique…

D’abord, il y eut le mythique intérieur floridien Clifford Luyk dans les années 60, puis l’arrière Wayne Brabender dans les années 70, ensuite l’ailier dominicain Chicho Siblio dans les années 80. 427 apparitions sous le maillot de la Roja à eux trois. Une chose à souligner cependant : les deux premiers sont des légendes du Real Madrid en y jouant plus de dix ans, le dernier a fait de même pour le FC Barcelone. Tous trois ont donc reçu la nationalité espagnole au cours de leur carrière.

Dans les décennies suivantes, Mike Smith puis Johnny Rogers sont venus à leur tour renforcer les rangs de la Roja. Mike, natif de Washington, a réparti les douze saisons de sa carrière entre la Joventut Badalona et le Real. Quant à Johnny, pur produit californien, il n’a disputé que quatre saisons sur le sol espagnol avec le Real, Valence et Manresa. Comme un symbole, le lien que l’Espagne a entretenu avec ses nouveaux joueurs diminuent au fil des années et les naturalisations perdent peu à peu de leur sens.

Car plus tard, il y eut Serge Ibaka, qui a peaufiné sa formation par trois saisons hispaniques, avant d’atteindre un sommet d’incompréhension avec Lorenzo Brown, qui n’a quant à lui jamais défendu les couleurs d’un club espagnol dans son parcours. Nos voisins ont ainsi parfaitement intégré dans leur culture l’octroi de leur passeport, et ce peu importe son attachement au pays, faisant fi de toutes règles de bienséance. Miguel Mendez, coach de l’équipe féminine, revenait l’an passé sur cette pratique habituelle d’outre-Pyrénées :

 

‘’Mon travail au sein de l’équipe est d’essayer de former a meilleure équipe possible avec les joueuses disponibles. Et la question des naturalisés n’a rien de nouveau. Depuis 2010, l’Espagne joue avec une joueuse naturalisée et c’est un passage naturel. C’est d’abord Sancho Lyttle qui nous a fait faire un bond important, puis Astou Ndour et maintenant Megan Gustafson.’’ (via AS)

 

              La naturalisation d’un joueur est donc devenu ‘’un passage naturel’’, une arme dont l’Espagne ne se prive que très rarement. La règle existe, l’Espagne en profite. Il n’y a jamais eu quoique ce soit d’illégal, simplement des procès moraux qui affluaient des adversaires successifs dont la Roja triomphait. On ne peut qu’admirer les succès, on peut simplement regretter de voir une telle nation de basketball s’offrir les services d’américains alors même que les légendes de la balle orange ne manquent pas sur leurs terres. Le sujet est clos.

 

NB : nous ne mentionnons pas ici le cas de Nikola Mirotic, monténégrin d’origine, ou celui du jeune sélectionné Eli Ndiaye, sénégalais. Ces derniers étant arrivés tôt sur les terres espagnoles, à un très jeune âge, ils ont tout appris du basket en Espagne. Après tout, il est normal qu’une équipe nationale récoltent les fruits de sa formation ; passons.

 

 

CES NATURALISATIONS QUI ONT TOUT CHANGÉ

 

              Toujours bon à garder en tête : le basketball est et restera un sport collectif. Quand bien même la règle de la naturalisation sera toujours en vigueur, un joueur ne peut rien faire si les onze autres de l’effectif ne sont pas au niveau. Mais parfois, ce douzième homme a changé les choses, car si ces naturalisations font autant couler d’encre, c’est qu’elles ont été lourdes de conséquences dans certains cas. Zoom sur ces naturalisés de luxe.

 

Anthony Randolph, champion d'Europe en compagnie de Goran Dragic et le jeune Luka Doncic en 2017 (crédits photo : Eurohoops)

Anthony Randolph à l’intérieur puis Lorenzo Brown à la mène ont ainsi offert le sacre européen successivement à la Slovénie en 2017 et à l’Espagne en 2022. Avant eux, Jon Robert Holden avait offert le titre continental à la Russie en 2008, sur un shoot inscrit à l’ultime seconde de la finale. Il avait reçu la nationalité russe grâce à un décret de Vladimir Poutine en personne. De même Serge Ibaka avait pris part au triomphe ibère en 2011 avant de glaner la prestigieuse médaille d’argent en finale des JO 2012 face aux Américains. On peut également citer Bo McCalebb, qui avait emmené la Macédoine du Nord jusqu’en demi-finale de cet Eurobasket 2011, un parcours historique pour le pays. AJ Slaughter lui-même fut décisif pour porter la Pologne à ce même stade lors de la belle aventure du dernier Euro. Bien que ce dernier se soit installé sur le long-terme dans le collectif polonais, dans la majeure partie des cas ces fantastiques joueurs offrent des titres et des épopés à des nations qu’ils ne connaissent pas, à des peuples qu’ils n’ont jamais côtoyé.

 

C’est en réflechissant à cet aspect que les scandales éclatent. Mike Tobey, un élément clé dans le parcours glorieux de la Slovénie aux derniers Jeux Olympiques, se lâchait ainsi après la qualification en demi-finale :

 

              ‘’ Il y a quelques mois, je ne savais même pas où se trouvait la Slovénie.’’

 

Un an plus tard, le meneur Lorenzo Brown, plaque tournante du système Scariolo lors du sacre à l’Euro 2022, se confiait aussi avec honnêteté à la veille de la finale contre la France :

 

‘’Je ne connais pas grand chose à la rivalité France/Espagne, je vais faire des recherches ce soir en arrivant à l’hôtel !’’

 

              Dans les deux situations, ça la fout mal. Quelle valeur accorder à leurs exploits, quel fierté tirent-il de leurs victoires, sans cet attachement au maillot ?

 

 

LES ‘’BONNES’’ NATURALISATIONS

 

              Réserver le droit de naturaliser à certaines sélections est une solution, durcir les conditions d’obtention du passeport en est une autre. C’est ce que proposait le capitaine serbe Bogdan Bogdanovic, en marge de la dernière Coupe du Monde, pour raisonner l’absurdité :

 

‘’C’est bien pour le basketball, mais on a besoin de réguler. Pour moi, les joueurs devraient d’abord jouer dans la ligue et apprendre la culture. Embrasser la culture, apprendre un peu la langue… On aurait besoin d’avoir des règles, et non pas simplement payer des joueurs pour jouer.’’ (via BasketNews) 

 

L’arrière des Atlanta Hawks avait ainsi cité l’exemple de Thomas Walkup, qui a récemment pris la mène de la sélection grecque. Celui qui évolue à l’Olympiakos pour sa deuxième saison déclarait ouvertement sa flamme pour la nation héllène l’été derner :

 

                            ‘’La Grèce est ma maison, j'aime la vie ici et je pense que c'est trop beau pour partir.’’

                            (via Cosmote TV)

 

Visiblement, le natif de Pasadena dans le Texas n’a pas adopté que le maillot. En plus de vouloir s’installer en Grèce à sa retraite, le meneur du Pirée suit régulièrement des cours de grec et envisage de le parler couramment d’ici l’été prochain; rien que ça. Peut-être l’exemple de Walkup donnera l’envie à certain d’en apprendre un peu plus sur le pays dont ils portent la précieuse tunique…

             

De même, Shane Larkin achève sa sixième année à Istanbul avec le club de l’Anadolu Efes. Sa vie en Turquie donne une certaine valeur à ses prouesses sous le maillot de l’équipe nationale bien qu’il confesse ne connaître que certaines phrases de tous les jours dans la langue. Lors d’une interview accordée à l’EuroLeague il y a un an, il laissait la porte ouverte à une vie en Turquie après sa retraite. Ses récents problèmes avec la fédération et sa non-participation à la dernière Coupe du Monde invitent cependant à nuancer son amour du maillot.

 

Dans un autre registre, Kyle Anderson avec la Chine et Jordan Clarkson avec les Philippines ont leur mérite. En plus de porter sur leurs épaules des sélections encore fragiles sur la scène internationale malgré des millions de fans, les deux américains font valoir un lien filial bien réel, aussi ténu soit-il. Le premier, dont l’arrière grand-père est chinois, a même adopté un nom local pour l’occasion : ‘’Li Kaier’’. Le deuxième, dont la mère est native des Philippines, affiche clairement son intention de promouvoir le basket dans son pays d’origine et de le représenter sur le long-terme.

 

Au milieu de ce marasme de nationalités, il est parfois réconfortant de mettre la lumière sur ces naturalisations qui font sens, sur ces nations qui parviennent à choisir le bon douzième homme c’est-à-dire celui qui s’intégrera parfaitement à l’effectif tant sportivement qu’humainement.

 

 

FLORILÈGE DE NATURALISATIONS INSOLITES

 

Pour finir ce dossier, on vous propose un petit pot-pourri des naturalisations loufoques. Peut-être vous apprendra-t-on que monsieur Chris Jones a été sacré champion d’Europe des petits pays en 2021 avec l’Arménie. Si si, le même Chris Jones que celui qui jouait à l’ASVEL et qui fait aujourd’hui le bonheur de Valence. En novembre dernier, les rumeurs éclataient autour de la fédération bosnienne qui serait en pourparler avec Wade Baldwin et Kevin Punter ; elle ne se rappelle peut-être pas qu’elle avait déjà délivré un passeport bosnien à Alec Peters un an plus tôt. De son côté, la Macédoine du Nord espère revivre d’aussi belles heures qu’au temps de Bo McCalebb. Pour cela, elle dispose de Jordan Théodore, nouveau meneur de Baskonia, ou de TJ Shorts, la nouvelle star de notre Paris Basketball, tous deux macédoniens (évidemment).

Paris Lee le lion indomptable (crédits photo : Actu Cameroun)

L’Afrique est bien représentée aussi avec notre cher Paris Lee de l’ASVEL qui peut porter la tunique du Cameroun depuis 2022. Matthew Costello s’était lui engagé avec la Côte d’Ivoire en 2021, tout comme Alex Poythress un an plus tard. Brandon Davies possède quant à lui un passeport Ougandais et peut donc à tout moment croiser la route de la Centrafrique de Kevarrius Hayes.

 

Et tant d’autres encore…

 

NB : dans certains cas, les joueurs obtiennent un nouveau passeport non pas pour jouer en équipe nationale mais simplement pour obtenir le statut cotonou (joueur européen en gros), afin de rentrer dans les quotas des ligues nationales et pouvoir jouer les matchs des championnats domestiques. Ne nous enflammons pas trop vite…

 

 

              L’heure est peut-être venue de revenir à la raison pour la FIBA. Ce qui était une aide précieuse pour le développement du basket il y a quelques temps de cela ne semble plus avoir la même légitimité aujourd’hui. Réserver ce droit à quelques uns, durcir les critères,…  : les solutions existent pour freiner cette course insensée à la naturalisation qui se répète à la veille de chaque compétitions internationales. Les consciences s’éveillent, les langues se délient. La mode des naturalisés FIBA passera-t-elle pour de bon ?

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