L'EuroLeague doit-elle retarder sa date limite de transferts ?
Encore une fois, la trade deadline NBA a donné son lot de joueurs coupés. Parmi eux plusieurs européens qui se retrouvent donc sans équipe. Malheureusement cette année, ces damnés de la ligue nord-américaine ne pourront pas compter sur un retour en Europe. Décryptage d’un calendrier peu pertinent.
UNE AFFAIRE DE DATES
Comme chaque année, la trade deadline a bien animé la planète NBA. Mais la soirée était particulièrement mouvementée pour nos exportés européens. Du monde a bougé dans l’Amérique : Dennis Schroder, Vasilije Micic, Simone Fontecchio, Bojan Bogdanovic, Davis Bertans mais aussi notre Vavane Fournier national. De nouveaux défi se présentent ainsi qu’une belle occasion de se relancer pour tous ces cadres de leurs nations respectives. Cependant, d’autres beaux noms de notre continent n’ont pas eu la même chance et ont vu leur contrat être coupés. C’est le cas de Killian Hayes et de Frank Ntilikina dans le clan tricolore, ou encore de Furkan Korkmaz et Danilo Gallinari. En plein mois de février, ils se retrouvent ainsi sans équipe et avec beaucoup d’incertitudes quant à leur avenir.
Tout n’est pas fini pour autant. Il n’y a pas que la NBA dans la vie, non, et c’est EuroLeague France qui vous l’apprend si vous n'étiez pas eu courant. L’Europe natale de ces joueurs représente dans la plupart des cas une issue de secours toute faite. Un petit retour à la maison pour souffler, reprendre des forces et repartir plus fort : il n’y a rien de plus légitime. Et d’ailleurs l'Europe est toujours contente d'accueillir ses fils prodigues partis vivre leur rêve américain, une fois justement que ce rêve a tourné au cauchemar. Sauf que cette année, ce retour ne sera pas possible.
Car en effet, il y a quelques mois, les équipes d’EuroLeague ont trouvé un accord pour voter de nouvelles règles concernant le recrutement cette saison et avec, le nouveau calendrier qui en découle. Résultat, la date limite pour ajouter un joueur à son effectif d’EuroLeague est avancée au 7 février 2024, soit un jour avant cette trade deadline NBA qui laisse chaque année des malheureux sur le carreaux. Première réaction : mais c'est quand même bien mal foutu ! Car c'est tout une flopée de NBAers tout juste coupés à la suite de l'ultime journée de transfert, qui voient cette précieuse porte de sortie européenne se fermer devant eux. Et inversement, c'est aussi toute une flopée de clubs d'EuroLeague qui auraient peut-être bien aimé se renforcer avec des ressortissants NBA, plutôt que de piocher dans les équipes d'EuroCup ou dans les autres clubs du pays. Une triste modification qui empêche ainsi le retour et la relance de quelques uns.
DES OPPORTUNITÉS GÂCHÉES
Ironie de l’histoire : pour cette première du nouveau calendrier, les ressortissants du vieux continent sont parmi les plus touchés par les dégâts collatéraux de cette deadline NBA et ce changement de date empêche tout club d’EuroLeague de venir à leur secours. Pourtant ces clubs auraient bien des avantages à repousser cette date butoire ! On pense forcément à nos clubs français et en particulier à l’ASVEL, qui traine toujours ses lacunes évidentes à la mène : un jeune Yaacov qui se montre un peu juste sur la scène européenne, un Nando qui enchaîne les blessures et qui de surcroit est bien plus à l’aise sur le poste 2, un Boris Dallo qui visiblement ne répondra pas à ce besoin… bref, les solutions sont peu nombreuses derrière ce brave Paris Lee, déjà bien gentil de se donner 30 minutes par match ou presque, et qui en plus vient de se blesser à la main. Une brèche, que Killian Hayes ou Frank Ntilikina auraient sûrement colmaté avec plaisir pour reprendre du service. Tout le monde y gagnaient, surtout les fans français.
On pense aussi à Furkan Korkmaz, coupé par sa franchise de Philadelphie, et à Danilo Gallinari, transféré des Wizards aux Pistons avant d’être remercié dans la foulée. Deux talents incontestables qui auraient volontiers apporté leurs qualités à leur ancien club, respectivement l’Anadolu Efes et l’Olimpia Milano, tout deux engagés dans une course effrenée pour le play-in. Pour Korkmaz, son expérience aurait parfaitement accompagné Rodrigue Beaubois sur le backcourt en sortie de banc. En ce qui concerne Gallo, il aurait apporté une vraie solution à Messina pour seconder Shavon Shields sur le poste 3.
Tant qu’on y est on peut citer ce pauvre Victor Oladipo, éloigné des parquets depuis des mois à cause de ses blessures à répétition, qui vient d’être coupé par sa nouvelle franchise de Memphis. On pourrait l’imaginer compléter les rangs du Bayern, lui qui était venu faire une partie de sa rééducation à Munich dans les infrastructures du club bavarois en novembre dernier. Mais je m’arrête tout de suite, parce que là on est plus sur un fantasme…
Toujours est-il que ce ne sont pas les exemples qui manquent comme vous pouvez le voir.
RETARDER L’ÉCHEANCE ?
Il ne faut pas se voiler la face, l’EuroLeague est toujours – et de loin – la 2ème ligue du monde en terme d’attractivité, et elle sera encore là à recueillir les rejetés de la NBA pour un petit moment encore. Donc pourquoi ne pas caler son calendrier sur celui de la NBA pour bénéficier de ces NBAers sans franchise ? Au début de la saison, l’EuroLeague avait très justement adapté son calendrier à celui de la FIBA pour permettre à ses joueurs de participer aux fenêtres internationales. De même, la ligue aurait la bonne idée d’aligner sa date limite de transfert à celle de la NBA pour permettre aux clubs de tenir compte de ces joueurs écartés lors de leur recrutement et d’ainsi se renforcer encore plus efficacement avant le sprint final.
Et d’ailleurs il y a un an, cette fameuse date tombait le 1er mars pour la ligue européenne, soit bien après le 9 février de la ligue nord-américaine. Tyler Dorsey, qui naviguait alors entre les Mavericks de Dallas et son équipe affiliée de G-League les Texas Legends, avait vu son contrat rompu à la fin du mois de février. Il en avait donc profité pour rejoindre le Fener juste avant la deadline et finir la saison avec le club stambouliote. De même Matt Thomas, coupé par les Chicago Bulls quelques jours avant la fin des trades, avait renforcé les rangs du Pana (bon y’a pas eu le même impact, mais voilà quoi, un Matt Thomas ça s’pose là). La solution est donc toute trouvée pour éviter de nouvelles pertes : revenir à l’ancien calendrier. En attendant pour nos deux meneurs français Hayes et Ntilikina, il y a toujours la possibilité de revenir à la maison en France. L’EuroLeague n’est plus possible mais la porte de la Betclic Elite restera encore ouverte pour eux.
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