Lettre ouverte à la NBA

Chère NBA,

Voilà bien des années maintenant que vous me faites rêver. J’ai toujours la même excitation au réveil en voyant les résultats de la nuit, toujours le même empressement pour voir les highlights, et toujours le même émerveillement devant ces performances uniques. Mais ce matin c’était un peu particulier… En voyant les images rien à dire, j’avais des étoiles dans les yeux. Mais au bout d’un moment, j’ai eu un déclic. Je ne pouvais plus regarder ces actions de grande classe sans qu’une multitude de questions ne me viennent d’un coup à l’esprit…

70 points, bravo je vous applaudis Joël, je vous applaudis Damian, Donovan, Devin et les autres. Peu d’hommes sur terre en sont capables, le chiffre est à la hauteur de votre talent. Mais 70 points, enfin…  Je commençais à suivre la NBA en étant tout jeune adolescent, la barre symbolique à dépasser pour les scoreurs c’était 50, cinq ans après c’était 60, aujourd’hui c’est 70. Quand je montrerai la NBA à mes enfants faudra-t-il minimum 100 points de moyenne pour être considéré comme un All-star ? Si de telles performances se répètent autant, faut-il continuer de s’émerveiller ? Cette nuit, les gens clament avoir vécu l'histoire, mais moi je n'arrive pas à être heureux pour mon sport...

Chère NBA, je crois que vous avez perdu la valeur d’un point. Tellement de possessions s’échangent sous nos yeux. Les attaques se suivent, se ressemblent bien souvent d’ailleurs et les défenses contemplent passiblement ces prouesses offensives. Rentrer la balle dans un panier a perdu tout son charme et son mérite. Lorsque le tableau affiche 157 à 152, quel crédit accorder à celui qui parvient à planter 10 points ? Après tout, 29 autres joueurs auraient pu faire comme lui sur la même rencontre vu le score. De même, une équipe aura beau acquérir une avance de 20 points à la mi-temps, c’est presque comme si rien n’avait été fait puisque cela pourrait se rattraper en 3 minutes. Inscrire un panier, ce geste qui fait l’essence même de notre sport, a été banalisé.

Et j’ai trouvé la raison de ce malaise… la défense, ou plutôt l’absence de défense. La défense, c’est le sel du basketball. C’est ce qui ajoute toute saveur à un match, c’est ce qui donne bon goût au performances que l’on aime tant déguster. C’est ce qui procure l’atmosphère géniale de ces affrontements épiques sur le parquet. Si marquer ne veut plus rien dire, c’est parce que bien peu de choses vous en empêchent désormais. En privilégiant l’attaque, vous avez peut-être rendu votre jeu plus spectaculaire, mais vous avez justement dénaturé le spectacle de ce jeu chéri. Chère NBA, vous avez rendu fade ces performances qu’on admirait autrefois.

Sous les yeux impassibles des spectateurs de la salle, pop-corn dans la main et dans la bouche, le basket se perd lentement et les équipes jouent leur 82 all-star games par an. Les joueurs font tantôt leur concours à 3pts, tantôt leur concours de dunks sur les 48 minutes initialement dédiées au match. Et j’en oubliais les séances de lancers-francs ... J’allume ma télé, je l’éteins 3h après. Pourtant, que le basket est beau lorsqu’un match est un combat, lorsque chaque seconde compte, lorsque un tir fait la différence selon qu’il soit rentré ou manqué … vos derniers playoffs nous l’ont magnifiquement montré. Alors, où est passé cette sensation d’opposition ?

Je ne vais pas dire que la NBA c’était mieux avant. La NBA, avant, c’était bien mais ça l’est plus que jamais aujourd’hui. La NBA n’a jamais eu un aussi haut niveau, elle nous offre une excellence jamais vue dans ce sport. Vous avez les meilleurs joueurs de la planète, vous avez les plus beaux athlètes du monde : mais alors pourquoi ne pas exploiter toutes leurs qualités ? Pourquoi ne jouer que sur un côté du terrain ? Pour la ligue la plus physique du monde dit-on, je ne m’imaginais pas voir aussi peu d’intensité dans les défenses…  Sans défense, ça n’a plus le même goût. Dans la liste des sports, il y a le basketball, et puis il y la NBA. La moitié de mon sport y a été tuée.

Je n’oublierai jamais ce que vous avez fait pour populariser le basket, tout ce que vous avez fait pour mettre une balle orange dans les mains de millions, de milliards de personnes. Merci la NBA pour tout cela, mais vous êtes peut-être en train de tuer ce sport que vous m’avez justement fait tant aimer.

A bientôt, je l’espère

                                                                       Un fan de basket

                                                                       peut-être un futur ancien fan de NBA