L'ALBA Berlin a remporté un match en EuroLeague

              Jeudi 26 octobre, dans une Mercedes Benz Arena bouillante, le grand Olimpia Milano de Nikola Mirotic et Ettore Messina chutent devant une ALBA plus valeureuse que jamais. Les supporters allemands sont aux anges et profitent du moment. Berlin vient de gagner un (grand) match d’EuroLeague ; mais combien de fois verra-t-on cette scène cette saison ? Hommage à l’une de ces petites équipes de notre championnat, qui parvient une fois encore à nous offrir une soirée magique.

L’EXPLOIT

              Un proverbe allemand dit : ‘’Bayern a l’argent, ALBA a le charme’’. Et cette soirée d’octobre 2023 est venu nous le rappeler. Pourtant sur le papier, on donnait pas franchement l’ALBA Berlin favorite pour la rencontre du soir. Lorsque les quelques 15 000 fans berlinois viennent peupler les travées de la bien nommée Mercedes-Benz Arena, ils sentent bien qu’une défaite est ce qui reste de plus probable face à l’Olimpia Milano au menu du jour. L’immense Nikola Mirotic, l’historique Kyle Hines, le monument Messina ou encore le talentueux Shavon Shields,… il y avait encore de la star sur le parquet ce jeudi soir, mais comme beaucoup de jeudi soir à Berlin, c’est dans le camp adverses qu’elles se trouvent. L’armada milanaise s’avance en conquérant contre la faible ALBA Berlin, toujours à la recherche d’une première victoire européenne cette saison. Et le match confirme les attentes avec un Milan qui fait la course en tête et une ALBA qui court après le score. Mais c’est là que ce fameux ‘’charme’’ berlinois opère. Bien que toujours menée, comme souvent sur ce début de saison, l’ALBA ne cède jamais complètement et reste dans la partie jusqu’à l’ultime quart-temps. Puis le charme fait place à la magie et Thiemann rappelle à Voigtmann et à tous les allemands présents sur place qui est le meilleur Johannes du pays (et c’est pas Marine, haha… pardon, c’est bon j’ai compris je sors). L’on se frotte les yeux en regardant le tableau d’affichage, mais celui-ci montre bien un score de parité dans ce money-time, quelques secondes avant que l’intrépide Sterling Brown n’inscrive un lay-up de costaud pour prendre l’avantage. La salle bascule définitivement dans la folie. Comme un symbole, Nikola Mirotic, au salaire équivalent à celui de l’ensemble de l’effectif adverse, rate le shoot de la prolongation et Berlin s’impose. L’ALBA, devant une foule euphorique, décroche sa première victoire de la saison en EuroLeague. On espère pas la dernière.

UNE SAISON COMPLIQUÉE

              Si l’on prend tant le temps d’admirer cette magnifique victoire berlinoise, c’est que l’on sait malheureusement que ces succès risquent de ne pas être nombreux cette année. La nouvelle saison européenne de l’ALBA s’annonçait en effet comme étant celle de la peur. Le club, faisant figure de petit poucet dans la grande compétition continentale, a vu ainsi partir deux de ses cadres à l’intersaison : Maodo Lô et Luke Sikma. Deux joueurs qui avaient su illuminer par leurs éclairs de génie la sombre campagne 2022-2023. Berlin perdait, mais Berlin ne devenait jamais totalement inintéressante à voir avec ces deux-là. Le départ de ces regrettés artisans fut donc un gros coups durs pour les fans comme pour le club qui a tenté de se recontruire. Fort heureusement, le pilier Johannès Thiemann, champion du monde cet été avec la Manshaft, restait dans la capitale : le dernier. Durant le mercato, les noms des nouveaux arrivants ne sont pas sexys, mais sur le terrain la combativité reste de mise. Sterling Brown et Matt Thomas s’avèrent être de très bonne pioche, à la mesure de l’ALBA Berlin. Ces deux recrues peuvent tout à fait tirer leur épingle du jeu, comme Thomas l’avait fait par exemple contre Monaco. Mais on le sait bien, cela est loin de suffir pour exister dans une compétition aussi relevée que l’EuroLeague. Et même, les blessures sont venus compliquer encore un peu plus la tâche, avec un Chris Koumadje parfois absent depuis le début de saison, et un Yanni Wetzell dont on attend encore le retour. Déjà pas avantagé sur la ligne de départ, Berlin avance véritablement sur un fil cette saison. Car l’ALBA se bat avec ses armes, et sa principale arme se nomme : la jeunesse. Il s’agit en effet de l’effectif le plus jeune de la ligue avec une moyenne d’âge n’excédant guère les 24 ans. Une inexpérience totale qui tente de faire son nid au milieu des grands, mais une insouciance qui annonce peut-être de beaux jours à l’avenir. En attendant, on ne se fait pas d’illusion sur le sort de cette ALBA.

UNE BELLE HISTOIRE

Alors oui, cet effectif de l’ALBA Berlin est loin de pouvoir rivaliser avec les cadors de l’EuroLeague. Mais son énergie, sa passion et son insouciance lui permet d’exister dans ce monde de grands et de s’offrir, de temps à autre, une soirée de rêve comme celle de l’Olimpia Milano. Combien de fois cela arrivera cette saison ? sûrement pas souvent. Mais force est de constater depuis le début de saison que les vraies raclées sont peu nombreuses et que les jeunots de l’ALBA font le nécessaire pour accrocher leurs adversaires au moins un temps lors de chaque rencontre. Face au rival bavarois en ouverture, il a fallu attendre le quatrième quart-temps. Face à l’ogre monégasque, ce n’était pas avant la deuxième période. Et l’on ne peut que rendre hommage en voyant ces petites équipes, qui n’ont pas les moyens d’exister dans ce championnat, mais qui continuent soir après soir de jouer crânement leur chance pour faire respecter la réputation de cette prestigieuse ligue. Si l’EuroLeague est sans cesse plus compétitive au fil des années, ce n’est pas seulement grâce à ses locomotives mais aussi grâce à ces petits qui continuent de se battre et qui refusent d’offrir la victoire à ces géants. Chaque match compte, dit le dicton, y compris celui contre le faible Berlin que vous ne pouvez négliger sous aucun prétexte. Et l’ALBA en a été un parfait exemple en privant la bande à Mirotic d’un succès la semaine dernière. Les petits qui gagnent face aux grands, parfois ça fait du bien. Messieurs, chapeau bas.

Berlin ne gagnera peut-être pas beaucoup cette année, mais sa combativité du début de saison et son exploit face à l’ogre milanais méritait bien un article. Au milieu de cette nuit sombre qu’annonce la campagne 2023-2024, l’ALBA s’est offert une belle lumière la semaine dernière avec l’envie, on l’espère, de continuer de se battre match après match pour pleinement exister dans cette EuroLeague plus relevée que jamais.