La malédiction des premiers : ce fléau qui menace le Real
Jamais un leader de saison régulière n’a remporté le titre final. Telle est la malédiction qui menace un Real Madrid en perte de vitesse à l’approche du printemps. Zoom sur l’historique tragique des premiers d’EuroLeague ces dernières années.
LE SORT S’ACHARNE
J’ai une statistique effrayante : depuis la saison 2016-2017, aucun des sept clubs en tête à la fin de la saison régulière régulière n’est parvenu à remporter le titre.
Une petite précision s’impose… avant cette campagne 2016-2017, les équipes participant à l’EuroLeague étaient réparties entre plusieurs poules. Après cette première phase, les mieux classées de chacunes d’elles se retrouvaient ensuite dans de nouvelles poules à l’occasion du top 16 pour un dernier écrémage avant les Playoffs. Puis les séries des quarts de finale avaient lieu, avant le fameux Final Four que l’on a toujours aujourd’hui.
Mais en septembre 2016, la ligue inaugure son nouveau format : toutes les équipes participantes sont désormais réunies en une seule et même poule pour disputer une saison régulière sur toute la saison. Un formule qui permet à chaque club d’affronter tous les autres. Paulius Motiejunas, PDG de la compétition, a d’ailleurs réaffirmé son attachement pour le format au début de la saison. L’EuroLeague devient alors une vraie ligue, un championnat à part entière où toutes les plus grosses écuries du continent s’affrontent au cours d’une vraie saison régulière.
Et bien depuis ce jour, le fait est là : aucune des équipes s’étant classées premières de cette saison régulière n’est devenue championne. Une malédiction qui frappe les leaders de l’EuroLeague depuis 7 ans maintenant et qui guette aujourd’hui le ciel madrilène.
Jetons un coup d’œil sur ce fameux palmarès de l’EuroLeague new-look :
2022-23 : Premier de la saison régulière : Olympiakos / Champion : Real Madrid
2021-22 : Premier de la saison régulière : FC Barcelone / Champion : Anadolu Efes
2020-21 : Premier de la saison régulière : FC Barcelone / Champion: Anadolu Efes
2019-20 : Premier de la saison régulière : Anadolu Efes / Champion : Covid
2018-19 : Premier de la saison régulière : Fenerbahçe / Champion : CSKA Moscou
2017-18 : Premier de la saison régulière : CSKA Moscou / Champion : Real Madrid
2016-17 : Premier de la saison régulière : Real Madrid / Champion : Fenerbahçe
Le constat est stupéfiant : jamais un premier de saison régulière n’a su faire respecter la hiérarchie sur les playoffs qui ont suivi leur saison maîtrisée. Tous les leaders, et même les plus dominants que la ligue ait connus sur la période, ont fini par craquer sous la pression des joutes printanières.
Ainsi, le grand CSKA de Nando De Colo a attendu d’être dauphin pour s’offrir une nouvelle couronne ; le Fener de Zeljko Obradovic lui-aussi a survolé l’exercice en vain en 2018-2019 ; même le Barça du MVP Mirotic a vu son rêve s’envoler par deux fois, alors que le titre leur tendait les bras pendant des mois de compétition sur les deux saisons. Le coup de grâce de cette malédiction fut incontestablement pour l’Olympiakos au mois de mai dernier, qui fut rattrapé par le sort à l’ultime seconde avec ce shoot improbable de Sergio Llull. Quant à l’Anadolu 2019-2020, le destin avait trouvé un autre moyen encore pour sévir en envoyant cette fois-ci son BC Covid, un adversaire injouable cette année-là une fois le mois de mars venu.
Le titre échappe donc systématiquement à son favori et revient à ces équipes qui sortent parfois de nulle-part, à l’image de l’Anadolu Efes en 2022 qui avait finit la saison à la 6ème position ou encore le Fener de 2018 placé 5ème au classement. Certains y verront la magie de l’EuroLeague, d’autres une véritable malédiction. Ce qui est sûr, c’est que quelque chose se passe.
Le démon des premiers d'EuroLeague déguisé en Sergio Llull (crédits photo : Eurosport)
Car déjà avant la réforme de l’EuroLeague, les leaders incontestés de la saison régulière peinaient à assumer leur statut. Bien qu’elles ne croisaient pas le fer de tous leurs concurrents à cette époque, penchons-nous sur ces équipes qui affichaient le meilleur bilan à l’issue des deux phases de poules. L’expérience nous réserve la même stupeur : dans l’ère moderne de la compétition, c’est-à-dire depuis 2001, seuls 4 leaders ont tenu leur rang jusqu’à la victoire finale. Autrement dit : 18 des 22 champions que l’EuroLeague a connu jusqu’à ce jour n’étaient pas la meilleure équipe en saison régulière l'année de leur titre. C’est fou.
Pour l’histoire, ce cercle très fermé des ‘’premiers champions’’ comprend donc le Panathinaïkos de 2002, le CSKA Moscou de 2008, le Barça de Rubio en 2010 et le CSKA en 2016 où Nando avait dominé toute la saison. Pour le reste, l’hégémonie fut stérile, s’inclinant toujours face à la dure loi du Final Four.
Mais alors, est-ce donc vraiment un bon présage que de siéger au sommet du classement ?
LE REAL EN PLEIN DOUTE ?
Après 7 ans à terroriser les vainqueurs de saison régulière, la menace continue de planer en EuroLeague. Et en 2024, la proie est toute trouvée : avec le Real, le sort a trouvé sa nouvelle cible.
Jusqu’à la mi-saison, il y avait le Real et les autres. Les Madrilènes n’étaient pas vraiment redescendu du nuage sur lequel Sergio Llull avait envoyé sa balle pour passer au-dessus de Mouss Fall. La domination était totale et on se demandait qui pouvait véritablement les arrêter. Sur un match, le Fener avait répondu à cette question mais il avait fallu le chaudron de l’Ulker Arena, une prolongation, et une jolie gaffe de Campazzo pour offrir la gagne à Madar et les siens. Bref, un incident de parcours comme on dit. Et puis 2024 arriva et le fantôme de la malédiction reparut…
Le géant madrilène se voit soudain touché par une violente déprime hivernale et la fatigue se fait sentir dans les rangs. Les défaites se font de moins en moins rares et le doute s’installe (un peu) à la maison blanche. Depuis le début du mois de janvier, le Real affiche ainsi un bilan de 6 victoires pour 4 défaites en EuroLeague. 60% de victoires, on dirait le bilan d’une équipe qui lutte entre play-in et playoffs… Pas de quoi remettre en cause la place de leader au classement général à la fin de la saison régulière, mais l’inquiétude se porte au-delà. De vrais signaux sont envoyés aux hommes de Chus Matéo qui devront vite se réveiller au risque de voir le cauchemar se prolonger en post-saison.
''le sort a trouvé sa nouvelle cible...'' (crédits photo : Basket Europe)
Car derrière le Real, les concurrents avancent doucement mais sûrement. Le Barça continue sa solide campagne et voit son effectif être renforcé par un métronome non-négligeable en la personne de Ricky Rubio. De son côté, le Pana semble trouver son alchimie bien plus tôt que prévu et la peur qu’il insuffle grandit de jour en jour. Plus loin, à Monaco, deux autres monstres s’éveillent : l’un offensif, du nom de Mike James filant tout droit vers le MVP ; l’autre défensif, du nom de Roca Team et qui entend bien filer vers une nouvelle épopée européenne.
On peut aussi mentionner la Virtus surprise du génie Banchi, le Fener enflammé du sauveur Jasikevicius, sans oublier un Olympiakos qui peut-être mijote en secret sa revanche de la dernière finale, et qu’il ne ferait pas bon prendre un 1er tour de playoffs.
Barça, Pana, Monaco, Fener, … les concurrents directs pour la victoire finale sont là. Et contre qui le Real s’est incliné cette saison ? Barça, Pana, Monaco, Fener. Et oui. La 1ère place du classement général est assurée, mais le titre du Real est plus que jamais en danger. En cette période un peu plus compliquée, la couronne tremble déjà sur la tête des Madrilènes. Alors il faudra être fort, très fort pour assumer ce statut d’archi-favori et triompher de ces armées qui n’ont qu’une seule idée en tête : abattre la bête. La malédiction guette, les prédateurs rôdent, le Real parviendra-t-il à briser le sortilège ? rendez-vous à Berlin en mai prochain pour savoir si le sort de l’EuroLeague épargnera enfin son leader, après tant de funestes années.
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