KOSTAS SLOUKAS, LE TRANSFERT INTERDIT

Oct 4, 2023 - 23:02
Oct 13, 2023 - 12:49
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KOSTAS SLOUKAS, LE TRANSFERT INTERDIT

KOSTAS SLOUKAS, LE TRANSFERT INTERDIT

 

              Sûrement le plus gros feuilleton de l’été. Alors qu’il devenait année après année la figure majeure de l’Olympiakos, et s’érigeait progressivement en légende locale, Konstantinos Sloukas a subitement décidé de quitter son jardin pour s’offrir un nouveau challenge. Comble de l’histoire, celui-ci traverse finalement la capitale athénienne pour signer chez le rival et ennemi juré : le Panathinaïkos. Ce qui était un adieu devient une trahison. Récit.

 

L’HEURE DES HOMMAGES

 

              L’Olympiakos sort d’une saison magnifique. Dominant lors de la saison régulière, les hommes de Georgios Bartzokas se hisse jusqu’en finale. Malheureusement, un shoot déjà historique inscrit par Sergio Llull les prive d’une couronne européenne qui aurait été un parfait adieu pour Sasa Vezenkov, alors promis à la NBA et aux Sacramento Kings. Ce que les fans ne savaient pas encore, c’est que cette finale cruelle était en réalité le message d’adieu d’un autre de leur cadre et pas des moindres : Kostas Sloukas. Car cette saison incroyable que l’Olympiakos nous a livré, a pour l’un de ses principaux protagonistes l’arrière grec. Auteur d’un buzzer surréaliste lors du game 3 des Playoffs face au Fenerbahçe, il fut également l’un des cadres du jeu olympien pendant toute la saison avec sa maîtrise du pick-and-roll et des points toujours précieux pour faire gagner son équipe. Déjà présent lors du back-to-back en EuroLeague en 2012 et 2013, puis à nouveau vainqueur de la compétition avec le Fener en 2017, Sloukas s’inscrivait même comme une figure majeure du jeu européen et devenait ainsi une légende du club depuis son retour en 2020. L’arrière représentait la quintescence même de l’Olympiakos et il fallait être aveugle pour ne pas voir le nombre de maillots floqués du numéro 11 qui pouvait peupler les travées du Stade de l’Amitié et de la Paix. Malgré la défaite, il était acclamé, comme les autres et peut-être même un peu plus, par les supporters à son retour du Final Four. A Kostas Sloukas, le Pirée reconnaissant.

 

L’ANNONCE CHOC

 

              Cependant, les rêves des fans de l’Olympiakos ne semblaient pas se briser définitivement au seul shoot de Sergio Llull. Alors que sa prolongation de contrat avec son club de cœur commence à tarder, le joueur informe finalement le 6 juin dernier qu’il ne renouvellerait pas avec le club du Pirée. Une relation tendue avec coach serait à l’orgine de son choix. Souvent considéré comme incompatible dans le système Bartzokas, le torchon aurait même déjà brulé par moment entre les deux hommes. Sloukas devient alors agent libre et c’est tout un tas de franchises EuroLeague qui se mettent à se frotter les mains. L’ombre du Fenerbahçe resurgit alors au milieu des rumeurs, d’autres le voient se diriger vers Belgrade, d’autres encore, dans un élan de folie, annonçaient des discussions avec le Panathinaïkos. Ces dernières rumeurs paraissent d’abord invraisemblables avant que la piste ne prennent de plus en plus d’ampleur en à peine quelques heures. Et c’est ainsi que le 8 juin, Sloukas commet l’impensable : il signe un contrat de trois ans avec le Panathinaïkos pour un montant total de 10 M d’euros, une somme mirobolante pour la scène européenne qui fait de lui le joueur grec le plus cher de tous les temps en EuroLeague.

 

UN CHALLENGE IMMENSE

 

              S’il sort d’une finale d’EuroLeague avec l’Olympiakos, Sloukas n’a pas revu ses ambitions à la baisse en rejoingant le Pana. Un véritable armada s’est constituée dans la cité athénienne à l’initiative du nouveau coach en place, Ergin Ataman. Le mercato réalisé est XXL et le club se montre très serieux sur le papier pour tenter de reconquérir le titre européen. Lessort, Vildoza, Juancho Hernangomez, etc,… il est évident que le Panathinaïkos est propulsé dans une nouvelle ère et a choisi Sloukas comme visage pour son nouveau projet. Le challenge s’annonce excitant, avec cet effectif taillé pour aller au bout, et surtout à la hauteur de Sloukas. Tout juste nommé capitaine, le joueur de 33 ans devra partager son expérience et sa science des grands matchs à ses nouveaux coéquipiers, lui qui a connu pas moins de neuf Final Four et sept finales d’EuroLeague dans sa carrière.

 

L’ANTI SPANOULIS

 

              Sloukas le sait sûrement très bien, la signature de son nouveau contrat n’est pas sans rappeler un autre transfert : celui de Vasilis Spanoulis, il y 13 ans. Nous sommes en 2010 lorsque Spanoulis, champion d’Europe avec le Panathinaïkos et déjà icône du basketball grec, décide de rejoindre l’ennemi juré qu’est l’Olympiakos et d’en devenir le capitaine. Un séisme non moins retentissant que le Span n’étouffera pas vraiment en expliquant qu’il rêvait de jouer à l’Olympiakos depuis tout petit. Le transfert fut déterminant puisque la simple présence de Spanoulis suffit à bouleverser la hiérarchie entre les deux rivaux et replacer l’Oly au sommet du basket européen avec notamment deux titres continentaux en 2012 et 2013. 13 après, Sloukas, figure majeure du basketball grec et un des visages de l’EuroLeague depuis des années, prend le chemin inverse passant ainsi d’un Olympiakos dominant à un Panathinaïkos éloigné des sommets depuis bien trop longtemps. Un Pana, dont il sera même le capitaine, comme un clin d’œil de plus avec son ainé. Maintenant, une question se pose : Sloukas a-t-il la charure et le charisme dont a pu faire preuve Spanoulis en son temps pour passer du statut de traître à celui de légende unanime ? En tout cas comme son alter ego, Kostas ne manque pas d’attiser les tensions avec ses déclarations :

 

‘’C’était une décision facile. Le public du Panathinaïkos l’a rendue encore plus facile pour moi’’ Kostas Sloukas

 

              De quoi bien enflammer la colère des supporters rouge et blanc. Ces derniers ont sans surprise ont réagi aux mots et aux actes de leur ancien joueur via un communiqué relayé par la Gate 7, le groupe ultra de référence de l’Olympiakos. Un accueil tout particulier sera réservé à Sloukas lors de son retour au Pirée sous sa nouvelle tunique. La Gate 7 n’a pas manqué dans son intervention de placer le mot ‘’traître’’ à peu près dix fois par ligne et d’à nouveau placer Spanoulis au mont Olympe et Sloukas aux enfers. On connait un derby qui sera bien chaud cette saison au Stade de l’Amitié et de la Paix… Et notamment pour un certain nouveau numéro 10, qui pourra alors élever son regard au plafond de la salle pour y apercevoir un certain 7 porté jadis par Spanoulis, désormais retiré par l’Olympiakos, pour se rappeler de sa source d’inspiration.

 

              On le sait, le derby Olympiakos/Panathinaïkos est l’un des plus bouillants de l’Europe et certaines familles grecques transmettent leur amour pour l’un et leur haine pour l’autre de génération en génération. Kostas Sloukas, d’une simple signature, vient de franchir ce gouffre et aura donc la lourde tâche de transformer son image, de passer du statut de traître au rang de héros.

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