J5/ Le Partizan s'offre le derby de la peur !

Oct 26, 2023 - 21:01
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J5/ Le Partizan s'offre le derby de la peur !

Une des meilleures affiches de notre championnat européen, ni plus ni moins. C'était ce que le Partizan-Etoile Rouge représentait hier soir dans un véritable match de la peur. En plein début de saison cauchemar, les deux équipes se devaient de relever la tête face à l'ennemi juré. Un éternel derby qui nous fera éternellement rêver, mais sur lequel planait une ombre en ce mois d'octobre bien sombre pour les clubs de Belgrade. Récit.

 

C'était le derby de la peur. Belgrade n'a que trop peu connu la victoire depuis le lancement des hostilités européennes. La campagne commençait bien difficilement pour la Capitale mais ce soir, l'une de ses moitiés pouvait repartir à la charge. Pour l'autre, elle se verrait plongée définitivement dans la crise. Sortir du cauchemar par une soirée de rêve, c'était donc tout l'enjeu de cette bataille serbe entre le Partizan et l'Etoile Rouge. Le théâtre de la Stark Arena, où les deux camps sont trop souvent tombés le mois dernier, est pour l'occasion hanté de 20 000 voix acquises à la cause du Partizan. Rien ne sera facile pour l'Étoile Rouge dans cette salle qui ne s'éteint jamais, pas même l'entrée. Les joueurs de la Crvena Zvezda pose le pied sur les planches sous la bronca assourdissante de la salle. Parmi eux, combien de ces hommes découvrent cette atmosphère pour la première fois dans la peau d’ennemi juré ? C'est là sûrement que toutes ces nouvelles recrues réalisent ce dans quoi elles se sont engagés en signant ici. Puis Les joueurs du Partizan entrent à leur tour et saluent déjà les leurs, sûrs de leur triomphe prochain. Un sourire en coin avec un seul but : enterrer définitivement leur ennemi en pleine crise ces dernières semaines. Enfin Zeljko Obradovic rentre : la plus grosse ovation. L'homme affiche une mine tendue et salue par politesse. Mais Zeljko ne rigole pas. Zeljko obradovic tout simplement. Le décor est planté. La guerre peut commencer. Les premiers combattants se nomment Jaramaz, Punter, Andjusic, Nunally, et Kaminsky pour les uns. Napier Teodosic, Hanga, Mitrovic et Bolomboy pour les autres.

 

La partie commence par un 10-0 du Partizan. La Red Star voit rouge. La Red Star sombre, puis voit le noir de leurs adversaires brouiller leur vue. 2 points de Bolomboy viennent soulager les siens, mais pas pour longtemps. Le Kaminsky saignant du soir inscrit les 9 des 17 premiers de son équipe et se montre sans pitié sous le cercle. Les Rouges sont perdus, comme leur ballon, et le Partizan porte l'estocade pour un 17-2 d'entrée. Les partisans sont survoltés, déchaînés, endiablés à l'image des yeux révulsés de Zach Leday toujours omniprésent par son énergie. Au milieu de la tempête, seul un miracle pourrait redonner espoir à l'Étoile rouge : c'est ce dont le magicien Téodosic se charge et la balle s'anime alors comme par magie dans le jeu et fait apparaître la lumière. 22-13 Partizan à l'issue du premier acte. Après avoir été repoussés à 15 longueurs, l'Etoile Rouge s'en sort bien.

 

Malgré une entame à sens unique, il y a bien match. Et le public ne s'y trompe pas en sifflant copieusement Milos Teodosic à sa sortie. 20 000 sifflets mais 20000 soulagement de le voir enfin quitter le parquet. Tobey, un temps annoncé sur le départ cette semaine, prend le relais de son meneur et fait ses étincelles. 3pts de Tobey. 3 pts de Napier. Notre match est là. Et de l'autre côté, les hommes en noirs ont perdu la flamme, ne trouvent plus la moindre solution. Après avoir réanimé son jeu, l'Étoile Rouge semble en effet avoir pétrifié celui du Partizan, bien statique depuis quelques minutes. Zeljko se lève, c'est pas bon signe. Zeljko devient rouge comme l'Etoile, c'est pas bon signe. Zeljko prend temps mort, les joueurs du Partizan se retournent et reviennent vers le coach sachant bien que le volume de la Stark Arena n'est peut-être rien face à la gueulante qui se prépare. Mais c'est bien l'écart qui se ressert et non pas la défense du Partizan, et la Crvena revient à un petit point grâce à maître Shabazz, maître de la bronca le temps de deux lancers. Les vieux démons défensifs de ce début de saison côté Partizan resurgissent. Pourtant Jaramaz, dont la mèche blonde éclaire dans la nuit, a choisi son jour pour faire le match d'une saison. Le jeune serbe met un tir à 3pts avant d'embrasser le blason du Partizan sur son cœur et de lever le doigt au ciel. Il reste 24mn dans le match. On vous a prévenu : chaque panier va compter. Et cela montre la voie aux siens. Les hommes en noir retrouvent la mire derrière l'arc, le souffle de Zeljko guidant sûrement le bras de ses tireurs. Sur l'un de ces tirs, le ballon rebondit trois fois sur le cercle avant de rentrer, les esprits sont avec eux. Cette adresse insolente rechasse l'Étoile Rouge à distance pour un temps mais Napier fait son numéro et sort de son chapeau une égalisation encore impensable il y a quelques minutes. Le buzzer d'Andjusic, trop tardif, sera finalement annulé pendant la pause. 42-42 à la mi-temps. C'est comme si rien n'avait été fait. La peur ne fait que monter dans chaque camp.

 

Le derby éternel tient toutes ses promesses. Joueurs et supporters n'ont qu'une seule hâte : reprendre le combat. Et dans cette reprise, la première mèche est allumée par Napier. Elle est à 3pts. Pour la première fois, l'Étoile Rouge est devant. Ce fut de courte durée, car le répondant s'appelle Punter. Mais les possessions s'enchaînent et le tableau affiche finalement +6 pour l'Etoile Rouge à la stupeur général. Les Rouge et Blanc continuent de mystifier leurs ennemis pour prendre le large. Yago vole l'âme d'Avramovic sur un cross d'assassin. La légende raconte que le cadavre d'Aleksa s'y trouve encore... Mais le petit brésilien ne s'arrête pas là et s'enflamme pour porter l'écart à +10 sur une nouvelle bombe posée derrière l'arc. Le poster monstrueux de Smailagic sur Tobey tentera d'éteindre l'incendie et de rallumer celui de la Stark Arena. Mais en vain, l'écart passe la barre des 10 unités par Giedraitis, 12 pour être précis. Ces 12 mêmes unités qui resteront à la fin de ce quart-temps. Il en reste donc qu’un seul pour le Partizan, pour tenter d'échapper à l'enfer.

 

Le dernier quart-temps se présente tout d’abord comme un chemin de croix pour le Partizan, qui se voit revenir à quelques possessions avant d'être sans cesse rattrapé par ses lacunes défensives. L'Étoile Rouge en bon épouvantail, se charge de remettre le coup de massue nécessaire à chaque tentative noire et blanche de recoller. Le poster du grand Bolomboy du soir sur Smailagic, venge le Mike Tobey postérisé du troisième quart et redonne de l'air à ses partenaires. Les fans du Partizan, eux ne respirent plus. L'écart oscille autour des 10pts d'avance pour les Rouge et Blanc. Et là, dans dans cette nuit sombre, un cri surgit hors de la nuit : "Aleksaaaaaaaa". C'était la pensée d'Obradovic pour pousser son 6ème homme joker : Avramovic enchaîne en un clin d'œil drive, 3pts, puis interception et panier en contre attaque. Le fantôme du Partizan revient souffler sur la nuque de la Red Star... L'écart n'est plus que d'une seule possession et le Partizan renaît d'entre les morts. Il y aura money-time dans ce derby. Cela ne pouvait se passer tranquillement pour l'Étoile Rouge. Et même, une flèche primée de Dozier, découvrant lui aussi l'enfer du derby, enflamme son public pour repasser devant. La fin de match est insoutenable. Même Teodosic craque et ne fait qu'1/2 aux lancers. 80 partout à 1mn30 du terme. Il faut être surhumain pour tenir. C'est là que le monstre Avramovic prend les choses en mains et donne 3 unités d'avance sur un shoot énorme. La suite n'est que sueur et lancers-francs ratés, puis lancers-francs inscrits. Le sorcier Teodosic aura fait la pluie et le beau temps dans ces ultimes secondes. Un dernier échec de Napier sur la ligne condamnera les siens et laissera la victoire au Partizan d'un Zach Leday impeccable sur l'exercice. 88-84 score final pour les hommes en noir. Le trône de Belgrade reste au Partizan. La salle peut s'embraser jusqu'au bout de la nuit.

 

 

L'éternel derby nous a encore offert un scénario digne des plus grands films. D'horreur pour l'Étoile Rouge qui plonge encore un peu plus. De rêve pour le Partizan qui revient d'ailleurs dans ce quatrième quart-temps pour prendre le dessus sur leur ennemi juré. Avramovic est l'homme de cette résurrection et offre peut-être LA victoire qui lancera enfin la saison des hommes de Zeljko Obradovic.

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