J1/ PANA-OLYMPIAKOS : le récit d'une tragédie légendaire

Oct 7, 2023 - 11:10
Oct 27, 2023 - 19:30
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J1/ PANA-OLYMPIAKOS : le récit d'une tragédie légendaire

              C’était l’affiche la plus attendue de la première journée en EuroLeague. La saveur d’un derby athénien, Sloukas qui retrouve ses anciens coéquipiers dans la peau d’ennemi juré, le lancement du nouveau projet Panathinaïkos, un Olympiakos qui veut se venger du titre perdu l’an passé,… Autant de facteurs qui faisaient de ce match un rendez-vous immanquable. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le derby a tenu toutes ses promesses avec un scénario digne d’un film, qu’EuroLegend décide de vous raconter…

 

L’EN-VERT DU DÉCOR

 

              Il y avait bien longtemps que l’on avait pas vu l’OAKA Arena rugir de la sorte. Près de 20 000 fans grecs s’étaient amassés dans les travées de l’enceinte mythique et chantaient à gorge déployé la gloire de leurs nouveaux héros. La tension est palpable, et se lit aisément sur les visages fermées des deux coachs du soir Bartzokas et Ataman, pour qui le chantier commence enfin. Les filets sont placés devant les tribunes des ultras, les vitres de sécurité sont bien installées derrière le banc de l’Olympiakos, tous les ingrédients sont en place pour vivre une grande soirée européenne. Ergin Ataman oublie même de recevoir le fanion de l’Olympiakos après avoir donné celui du Pana à Bartzokas lors de l’échange traditionnel avant le coup d’envoi ; Sloukas est snobé par ses anciens coéquipiers : le ton est donné. Moustapha Fall et Ignas Brazdeikis sont les deux absents de dernière minute pour l’Oly. On n’aura donc pas notre duel franco-français à l’entre-deux de ce match avec Lessort. Et d’ailleurs Lessort non plus n’est pas titulaire ce soir et sera utilisé en sortie de banc, sûrement un choix d’Ataman pour faire coïncider les minutes du français avec celle de Sloukas, 6ème homme ce soir comme à son habitude. Et maintenant place au jeu !

 

L’EFFERVESCENCE

 

              Face à un Panathinaïkos survolté, l’Olympiakos a du mal dans ce début de match. A l’image d’un Balcerowski surprenant et d’un Jerian Grant entreprenant, les verts ont beaucoup d’énergie à revendre et le montrent bien sur le terrain. Les rouges, de leur côté, agissent plus calmement avec un jeu posé et un Walkup qui marque tranquillement les cinq premiers points de son équipe, histoire d’annoncer qu’il faudra compter sur lui ce soir. L’Oly se met à enquiller derrière l’arc, à l’instar d’un Alec Peters énorme et d’un Williams-Goss déjà bien précieux. Après le premier acte de cette pure tragédie grecque, l’explosivité et l’envie du Pana ne réussit pas à creuser l’écart avec son rival, malgré un Sloukas efficace. On a affaire à un véritable match à couteaux tirés.

 

ÇA REPART ET ÇA REVIENT

 

              Mais à force de volonté, les locaux font un premier écart dans le deuxième quart-temps (+6) et oblige Bartzokas à prendre un temps mort. L’Olympiakos connait un véritable trou d’air offensivement avec de longues minutes qui s’écoulent sans trouver la moindre solution, sans marquer le moindre point. Il n’en fallait pas plus pour la salle qui redouble son volume et dont la fureur reprend le dessus. Juancho Hernangomez s’active des deux côtés du terrain et s’offre même un jelly lay-up soyeux en alley-oop pour embraser l’enceinte. Mais c’est surtout le monologue de Sloukas qui écrira les prochaines pages du drame. L’arrière fait son récital et fait taire tous les doutes de surestime qui l’entourent. Sloukas s’emballe, Sloukas s’enflamme, Sloukas s’embrouille avec Canaan et fait sentir la poudre dans tous les sens du terme. Le Pana compte jusqu’à 10pts d’écart. Secoué, submergé par la fureur de l’OAKA, le destin de l’Oly semble tenir sur un fil. 43-36 à la pause, le peuple du Pana voit son rival dans les cordes et connait alors ce qu’il n’a pas connu depuis quelques années maintenant.

 

IL NE FAUT JAMAIS ENTERRER L’OLYMPIAKOS

 

              Après l’entracte, la pièce reprend sa partition et voit l’Olympiakos revenir doucement mais sûrement. Mené par Canaan et Milutinov, les hommes de Bartzokas accusent bonne récéption du message de leur coach, n’accusent plus qu’une possession d’écart. De l’autre côté, il a fallut trouver les ressources et c’est alors Lessort et Vildoza qui offrent leurs répliques, d’un dunk ravageur pour l’un, d’une interception et d’un panier en contre attaque pour l’autre. Les verts parviennent à distancer à nouveau leurs adversaires pour compter 7 points d’avance avant le dernier acte. Une énième fois, l’Oly semble éloignée… Oui mais voilà, c’est toute l’histoire du drame joué à l’OAKA ce soir-là : l’Olympiakos ne peut jamais être sorti du match et inflige un 11-0 en début de quart-temps pour reprendre les commandes de la rencontre. Alors la partie s’emballe et les deux équipes se répondent coup pour coup. Sloukas à 3, nouveau dunk de Lessort d’un côté. Williams-Goss et ses précieux points de l’autre. Les minutes passent et on file tout droit vers un money-time au comble de la tension. Et comme dit le dicton, à telle fin de match, tels joueurs. Les paniers clutchs s’enchaînent avec un Walkup énorme dans ce grand moment. Le meneur lâche une bombe à 3pts pour égaliser avant de provoquer une faute offensive sur Sloukas. Les deux camps sont à hauteur dans la dernière minute et les olympiens se voit offrir le ballon de la gagne après une mésentente entre Lessort et Grigonis. Mais voilà, Walkup puis Sloukas en contre-attaque ratent tour à tour le tir de la gagne, un tir qui aurait pu devenir iconique dans un sens comme dans un autre vu le contexte et le niveau de jeu du soir. Il faudra une prolongation pour départager les deux rivaux.

 

UN CINQUIÈME ACTE EN GUISE DE DÉNOUEMENT

 

              Après quatre quart-temps, il n’y avait bien qu’un 5ème acte pour nous offrir le dénouement de cette tragédie athénienne. Et la tragédie laissera les 20 000 spectateurs du Panathinaïkos en pleurs au bout d’une catharsis basketballistique d’une puissance rare. Les acteurs au costume vert n’ont pas eu leur mot à dire sur la scène finale et s’incline finalement au tombée du rideau. La prolongation est à sens unique et c’est l’Olympiakos qui repart avec la victoire après une maîtrise totale. Milutinov scotche une tentative de Sloukas avant de postériser Lessort sur un alley-oop. Les nouvelles recrues ont pris pour leur grade. Puis, Williams-Goss s’occupe d’assassiner les joueurs du Pana et avec eux toute l’asssistance avec un step-back monumental à 3pts. 88-78, score final. Le succès s’offre aux hommes de Bartzokas. L’équipe qui se connaissait le mieux, l’équipe qui était la plus prête l’a emporté ce soir. Walkup, Peters, Milutinov, Williams-Goss auront été les hommes forts côté olympien ce soir. De l’autre côté, Sloukas finit à 20pts pour sa première européenne sous ses nouvelles couleurs, mais ses 7 pertes de balles font tâche sur le tableau. Notre français Mathias Lessort termine en double-double avec quelques belles highlights. Le Panathinaïkos n’a toutefois pas à rougir. Après sa défaite de 30pts face à ce même adversaire en supercoupe de Grèce il y a quelques jours, les hommes d’Ataman ont livré une très belle performance et montre que l’alchimie est en bonne voie de création.

               Ce premier derby athénien a tenu toutes ses promesses avec un scénario dingue, digne d’une véritable tragédie grecque. L’Olympiakos longtemps malmené dans l’enfer de l’OAKA a montré des ressources mentales héroïques pour finalement venir s’imposer chez son meilleur rival. C’est pour ce genre de soirée que l’on aime tant l’EuroLeague, et l’EuroLeague nous l’a offert dès la première journée. Merci messieurs.

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