ITW - Un an à la découverte de l'EuroLeague : il raconte

Mar 18, 2024 - 10:15
May 3, 2024 - 17:34
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ITW - Un an à la découverte de l'EuroLeague : il raconte

1 an, 17 pays, 23 000 kilomètres, 54 matchs, plus de 30 salles : la passion d’Adrien Cassaigne n’a pas de limites. D’octobre 2022 à mai 2023, ce fan d’EuroLeague pas comme les autres est parti en road-trip pour vivre au plus près du basket européen. En van, en vélo, ou en 4L, Adrien alias ‘’Hoopvan’’ a sillonné les quatre coins du continent pour suivre la saison et admirer de ses propres yeux les plus grandes équipes. Aujourd’hui, il nous raconte son périple à l’occasion de la sortie de son film sur YouTube. Les salles les plus mythiques, les playgrounds les plus beaux, les villes où la culture basket est la plus riche,… découvrez tout. Pour vous, Adrien Cassaigne a livré son témoignage à EuroLeague France.

 

 le film complet du road-trip !

 

ELF : Comment est né ce projet de partir pendant un an à travers toute l’Europe ?

A.C. : Ce qui m’a motivé au début c’est que je voulais voir des matchs dans les ambiances chaudes, surtout en Serbie et en Grèce, mais je ne savais pas trop quelle forme ça allait prendre, ni vers quoi je m’engageais. Plus d’un an avant que je le fasse, c’était même pas clair dans ma tête ce que j’allais faire, même six mois avant ! Comme c’était difficile de concilier ce genre de voyage avec un travail, je me suis dit qu’il fallait vraiment que je prenne une année. Et puis après, c’est à force d’écrire le projet, d’en parler, que ça devient de plus en plus concret. J’ai mis bout à bout les petits éléments pour que ça se réalise. Et puis à partir du moment où j’ai acheté le van, j’ai commencé à passer tout mon temps dessus et à préparer mon projet. Là c’était parti.

 

Comment as-tu établi ton programme ?

C’était un peu l’objectif de les faire tous les gros matchs, et ça s’est bien goupillé. Dès que le calendrier est sorti, je me suis directement posé dessus. L’idée c’était d’avoir des dates fixes pour les gros matchs et après en fonction de là où je me trouvais, je visais les matchs par-ci par-là dans les autres clubs, dans les autres niveaux que ce soit en féminin ou en masculin. D’ailleurs, je ne montre pas tout dans la vidéo. Il fallait faire des choix sinon il y avait beaucoup trop de choses (rires)

 

 

un van en guise de playground sur le parking de la Buesa Arena à Vitoria

 

 

Comment as-tu eu les places ? Car pour certaines salles c’est plus compliqué que pour d’autres…

Oui, en Serbie je pense que c’était impossible… En fait, quand j’ai fait mon projet j’ai voulu trouvé des partenaires, et c’est là que l’EuroLeague m’a aidé. En 2017, j’avais gagné un concours pour un maillot dédicacé de Jan Vesely et à ce moment-là, un membre de l’EuroLeague m’avait envoyé un mail. Depuis, il est devenu head of marketing et j’avais gardé son contact. Je lui avais donc envoyé mon dossier et l’EuroLeague a été emballé pour mon projet. Ils m’ont aidé en me donnant des places pour tous les gros matchs. La collaboration aurait même dû se développer avec le van mais comme il est tombé en panne, j’étais finalement plus en autonomie par la suite.

 

Quelle est ton équipe de cœur à la base ?

J’ai grandi entre Nantes et Cholet du coup le club que j’allais voir quand j’étais petit c’était Cholet. J’ai découvert les coupes d’Europe à la Meilleraie. Ils gagnent le titre en 2010, et arrivent en EuroLeague la saison d’après où ils font quelques belles performances. On peut dire que je les ai suivis à la bonne période.

 

Est-ce qu’à la suite de ton voyage, d’autres équipes de cœur te sont venues ?

Je suivais déjà pas mal le Pana et le Partizan. C’était les deux clubs que j’avais hâte de voir et j’ai vite coché le derby au Pana et au Partizan. Et après, la vraie bonne surprise pour moi, c’était Bologne. Maintenant que je suis de retour en France je continue de les suivre attentivement. C’est une vraie ville de basket, ça joue beaucoup sur les playgrounds, l’ambiance est exceptionnelle… je ne m’attendais vraiment pas à ça quand je suis arrivé là-bas. C’est l’équipe pour laquelle j’ai le plus changé mon point de vue entre avant et après mon voyage. On se rend rompte que c’est un club historique en se rendant là-bas, avec la rivalité contre le Fortitudo et les derbies de l’époque.

 

 

 Le derby grec qu'Adrien avait hâte de vivre

 

La plus belle salle ? La meilleure fan base ?

Je pense que la Zalgirio Arena était peut-être la plus belle. La salle de Baskonia est vraiment belle aussi. Après la plus mythique pour moi reste le Pionnir (où jouait l’Etoile Rouge de Belgrade la saison passée, ndlr) car c’est vraiment deux murs qui se font face. En plus, ils surbookent les places à chaque fois donc il y a plus de monde dans la salle que de places. Tout le monde ne peut pas rentrer parfois,  limite les gens sont dans le couloir derrière et peuvent pas voir le match tellement il y a de monde. Et puis comme elle est plus petite que les autres, ça résonnent beaucoup avec encore plus de bruits. En terme d’ambiance c’est la meilleure, mais en terme de salle je dirais la Zalgrio Arena. Globalement, pour les fan-bases, ça se joue entre la Grèce et la Serbie. Là-bas c’est vraiment un autre monde, on ne peut pas connaître ça en France.

 

Où situerais-tu la LDLC Arena par rapport aux autres salles de l’EuroLeague ?

J’ai pu assister au match d’ouverture. Le problème, c’est qu’avec sa configuration et son nombre de places, on ne peut pas la mettre parmi les top salles d’Europe. Elle est plus disposée en mode concert avec des tribunes qui ne font pas le tour du terrain. Et puis elle ne fait que 12 000 places quand pas mal de salles en Europe montent entre 15 et 20 000. Par contre, le vrai avantage de la salle, c’est qu’il y a tout un espace entre l’entrée et les gradins avec des activités pour les fans, des espaces de restauration,… des choses qu’il n’y avait pas forcément à l’Astroballe. A l’arena, on peut faire vivre le match avant et après les tribunes, ce qui est un point important pour faire venir les gens, pour rendre les spectateurs un peu acteur du match. La salle n’est pas dans le top mais c’est quand-même une très belle salle. Elle peut être un très bel outil. Après il faut réussir à la remplir, c’est tout l’objectif.

 

Et la Meilleraie ?

(rires) C’est le club de cœur, donc elle aura toujours une place particulière.

 

 

Les deux murs du Pionnir qui se font face

 

 

 

Tu as accordé une grande place de ton road-trip au jeu sur les playgrounds, peux-tu nous raconter cette expérience ?

Ce qui est marquant c’est que c’est partout les mêmes règles. Tu viens, tu prends la gagne, tu formes ton équipe. Le match est en 21pts et celui qui perd s’en va. C’est dans tous les pays pareil, ça ne change pas. Après, en qualité de playgrounds, le top c’est la Lituanie. Il y en a beaucoup aussi en Grèce. En Espagne c’est de qualité aussi, notamment à Barcelone. Et bien sûr il y a beaucoup de belles rencontres. Dans quelques villes, je suis resté 3-4 jours, et donc quand on revient plusieurs jours, on recroise les gens. Et c’est là que d’autres choses s’organisent après le playground, on va boire un verre, manger une pizza. C’était souvent spontané et c’est cool quand on partage la passion du basket.

 

Tu évoques longuement la Lituanie, la Serbie, et tous ces pays où le basket est omniprésent. Comment expliquerais-tu la culture basket et le succès de la balle orange dans ces pays ?

Pour moi, la réussite du basket dans les pays de l’Est tient au fait que la passion passe avant le business. Tout passe par les supporters : ce sont les ultras qui organisent des choses pendant les matchs, avant que ce soit un spectacle. Cette présence des supporters permet déjà de voir beaucoup plus de maillots dans les tribunes. Parce qu’avant de voir un maillot d’une équipe d’EuroLeague en France, je vais attendre longtemps (rires). Alors que là bas, on voit les maillots, tout le monde a l’écharpe du club quand tu vas dans les tribunes. Il y a des tifos, des trucs extraordinaires qui sont organisés en tribunes. C’est vraiment la passion et les supporters sont mis en avant. Quand tu vois l’hymne du Pana, celui du Partizan. Ils ont une identité à la fois visuelle et sonore. On les reconnait partout.

 

Comment le basket se manifeste-t-il là-bas ?

En Serbie, le basket passe sur tous les écrans de télé. Tu vas dans un bar, tu peux regarder le match du Partizan. Sur les panneaux publicitaires, sur les bus, il y a des annonces pour le prochain match. C’est vrai qu’il y a une présence visuelle qui met le basket dans la ville. Quand tu vas à Athènes, il y a le trèfle vert tagué sur les murs à tous les coins de rues… Tout cela, on ne l’a pas en France.

 

Que faire en France ?

Il y aurait pas mal de choses à développer. Mais j’ai l’impression que dans le développement des clubs, on parle plus de business et de NBA que de la passion, des supporters et de l’attache locale. Et puis pour le moment en France, les canaux de diffusions de l’EuroLeague et du basket en général ne touchent que ceux qui aiment le basket. C’est difficile d’aller toucher de nouvelles personnes. C’est peut-être ça qu’il manque un peu. Mais ce n’est pas facile à développer, il faut croire au projet, le mettre en place… c’est un pari à prendre.

 

Tu as vu toutes sortes de matchs de basket sur ton parcours. Pour toi, qu’est-ce qui fait la différence lors d’un match d’EuroLeague comparé aux autres compétions ?

C’est là où on a les meilleures salles, les meilleures animations et le meilleur niveau. En Serbie par exemple, il y a une nette différence d’affluence entre le championnat et l’EuroLeague. Et puis, il y a tout le temps des stars sur le terrain, avec la qualité du jeu proposé,…il y a de quoi faire venir du monde. Les meilleurs ambiances sont celles d’EuroLeague et plus il y a de l’ambiance, plus ça donne envie de venir, et plus le match devient important.

 

Dans ta vidéo, devant ta collection de maillots, on remarque une ardoise où est inscrit la devise d’EuroLeague Every Game Matter (‘’chaque match compte’’). Est-ce que c’est réel ? T’en es-tu rendu compte à travers tous les matchs que tu as pu voir ?

Pour moi, c’est vraiment la bonne devise pour l’EuroLeague. Les joueurs sont toujours à fond dans le match. On est pas souvent déçu à la sortie. Quand je repense au match à Berlin entre l’ALBA et l’Anadolu en fin de saison, où l’Anadolu jouait sa dernière chance pour croire aux Playoffs, l’intensité était incroyable. Déjà, quand j’arrive dans la salle, c’était 50-50 dans les supporters, car beaucoup de Turcs avaient fait le déplacement. C’était un match de Playoffs avant les Playoffs. L’intensité donne vraiment envie d’aller voir les matchs.

 

 

Les fans de l'Olympiakos envahissant les rues de Kaunas pour le Final Four

 

 

 

Ton voyage s’est achevé par le Final Four à Kaunas, plutôt une belle fin ?

Oui, c’était vraiment un beau Final Four, avec une très belle finale. Le seul truc qui manquait peut-être, c’était d’avoir une deuxième équipe en tribunes face à l’Olympiakos, parce que là c’était 100% Olympiakos. Mais sinon c’était vraiment sympa.

Pourtant le Real a de nombreux supporters aussi, non ?

Nan mais là ils étaient inexistants. (rires)

 

Le shoot de Sergio Llull, c’était comment ?

Ça a été une clim’ impressionnante. Déjà les supporters de l’Olympiakos étaient arrivés 30 minutes avant la finale, on les avait entendu tout le match. Ensuite le Real étaient mené pendant toute la partie. Même moi je pensais que c’était l’année de l’Olympiakos. Et là, tout le monde était debout pour les dernières possessions et puis la remise en jeu là… je la vois encore… ouais, c’était incroyable. Sergio Llull quoi, ces briscards du Real qui sont toujours là...

 

 

Aux premières loges pour la finale

 

 

Malgré toutes les salles que tu as visitées, est-ce qu’il y en a encore une que tu aimerais découvrir ?

Il y a une salle qui me manque : celle du Maccabi. C’est un peu compliqué en ce moment, il va falloir encore attendre. Mais vu ce que j’avais entendu sur la salle et l’ambiance, ce serait à faire aussi.

 

De quoi faire un deuxième road-trip ? Quels sont les prochains projets ?

Pour le deuxième road-trip on va voir, mais il y a quand-même des matchs qu’on a envie de revoir. Sinon je serai au prochain Final Four, je vais essayer de repartir avec la 4L à Berlin. Après, je suis en train de voir ce que je pourrais faire. Ce que j’aimerais bien c’est établir un beau lieu de basket en France, accessible à tout le monde. Pouvoir faire des soirées basket autour d’un playground, faire des rencontres. Je pense qu’il manque ce genre de lieu en France pour partager la passion. J’aimerais proposer pas mal d’activités basket, gratuites et accessibles à tout le monde. Je suis perduadé que l’on peut créer une forte ambiance en France à l’image de ce qui se fait de mieux en Europe. Alors si un club est prêt à en prendre la direction, je serais partant pour faire partie du projet.

 

 

Un set-up chargé d'histoires et de souvenirs

 

 

 

Et l’écriture d’un guide du routard de l’EuroLeague ?

(rires) Ce n’est pas la première fois qu’on m’en parle. Avant de partir, j’avais acheté le livre de Rémi Reverchon Road Trip NBA, le Guide USA*, et je me suis dit que s’il y avait moyen de faire quelque chose comme ça pour les clubs européens, toutes les places fortes du basket en Europe, ça peut être très cool. Et même au-delà de l’EuroLeague, il y a plein de petits clubs hyper intéressants, il y a pleins de belles histoires à raconter et ça pourrait mettre en avant le basket européen. C’est dans un coin de la tête, en tout cas.

 

 

Quant à nous, nous vous laissons avec ces mots qu’Adrien nous donne à la fin de son film : ‘’allez jouer au basket’’.

 

Un immense merci à Adrien pour nous avoir accordé cet entretien !

Pour suivre et soutenir ses projets : 

Chaîne YouTube : Hoopvan

X/Twitter : @Thehoopvan

Instagram : @thehoopvan_

 

Retrouvez ici l’interview d’Adrien réalisée par Clément Carton, notre confrère de Basket Europe.

 

 

* Road Trip NBA, le Guide USA de Rémi Reverchon, 2023, éditions Amphora.

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