ITW NANDO DE COLO : ‘’Je suis quelqu’un qui a envie de rester dans le basket’’

Apr 23, 2024 - 15:50
Apr 25, 2024 - 19:33
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ITW NANDO DE COLO : ‘’Je suis quelqu’un qui a envie de rester dans le basket’’
crédits photo : EuroLeague

ITW NANDO DE COLO : ‘’je suis quelqu’un qui a envie de rester dans le basket’’

 

              Au lendemain d’un finish en beauté avec l’ASVEL en EuroLeague, et à la veille de JO tant attendus en France, Nando De Colo s’est confié à notre micro. Le Maestro est revenu sur la campagne mouvementée des Villeurbannais sur la scène continentale, avant de se pencher sur la suite et la fin de sa carrière. Interview exclusive.

 

ELF : Quel regard portez-vous sur cette saison de l'ASVEL en EuroLeague ?

NDC : Au final c’est un bilan qui n’est pas à l’image des ambitions du club. Quand on est revenu cette saison, l’objectif n’était clairement pas de finir là où on est aujourd’hui ; finir avant-dernier d’EuroLeague, ce n’est clairement pas une fierté. Mais c’est aussi la loi du terrain qui parle. Si on en est là, c’est parce qu’on s’est mis dans cette situation. Evidemment, il y a eu un début de saison compliqué. Un effectif renouvelé à 80%, ça prend du temps à se mettre en place. Puis, le club en a décidé autrement avec le changement de coach mais derrière il n’y a pas eu de meilleurs résultats. Il y avait peut-être une meilleure dynamique au début parce que c’est toujours ce qu’il se passe quand un nouveau coach arrive, mais dans la durée ce n’était pas suffisant. Des décisions ont été prises. Pierric a pris les reines et a proposé quelque chose qui, de mon point de vue, était beaucoup plus cohérent que ce qui avait été mis en place avec Gianmarco (Pozzecco). A partir de là, on a essayé d’avancer mais on était déjà très mal embarqué, plus de la moitié de la saison s’était écoulé. On a simplement essayé de prendre les matchs les uns après les autres et de faire le maximum. On a eu quelques victoires qui ont fait du bien, surtout à domicile dans la nouvelle arena. S’il y a quelque chose à retenir, ce serait ce tournant de la saison où on a réussi à enchaîner quelques victoires en EuroLeague. Mais sinon, la saison reste une déception.

 

Comment votre rôle a évolué avec les différents coachs ?

Je ne pense pas qu’ils m’aient utilisé de manière différente. Je pense qu’aujourd’hui, j’ai assez d’expérience pour jouer mon basket et faire mon maximum pour aider l’équipe. C’est souvent dans ce rôle que je suis utilisé : faire preuve d’expérience, être capable de reconnaître certaines choses sur le terrain et créer de manière différente. Après, le fait de changer de coach au bout de trois mois, puis au bout de deux mois, ce n’est évidemment pas l’idéal pour un joueur, ni pour un effectif. Mais, j’ai essayé de continuer d’apporter à l’équipe, de voir comment je pouvais performer de la meilleure manière dans un collectif qui évoluait en fonction des entraîneurs.

 

 

 

‘’Pierric a proposé quelque chose qui était beaucoup plus cohérent’’ (crédits photo : Valencia Basket)

 

 

Vous avez dépassé Spanoulis au classement des meilleurs marqueurs de l’EuroLeague sur cette fin de saison. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?

Cela reste un très bel accomplissement [malgré le fait que Mike James soit passé devant entre-temps, ndlr]. Ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Cela montre qu’on a eu un impact dans cette EuroLeague et qu’on a su rester à haut-niveau très longtemps. On sait quel joueur a été Spanoulis. Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir appartenir à cette classe de joueurs. Maintenant, c’est sûr que l’impact est moins fort en le dépassant pour la deuxème place. Malheureusement, j’ai eu cette blessure qui a duré plus lontemps que prévu et qui m’a empêché de le faire pour la première place. C’est dommage, mais ça fait partie du sport. Mais comme tout accomplissement, le plus important c’est surtout que les personnes qui m’ont accompagné tout au long de ma carrière se rendent compte de ce que cela représente et à quel point leur aide fut précieuse.

 

Le jeune Noam Yaacov a montré de très belles choses sur cette fin de saison. Que pensez-vous de son évolution et jusqu'où le voyez-vous aller ?

Je pense qu’aujourd’hui il est encore très tôt pour savoir ce qu’il pourra accomplir durant sa carrière. Cette année, il a eu cette chance incroyable d’être le deuxième meneur d’une équipe évoluant en EuroLeague, même si l’ASVEL est dans le bas de tableau. Les recherches du staff pour recruter un deuxième meneur en début de saison n’ayant pas abouties, les choses ont fait que Noam s’est retrouvé dans cette position. Cette situation doit lui faire comprendre qu’il a beaucoup de choses à assimiler cette saison car on ne sait pas de quoi demain sera fait. A partir de là, c’est à lui de prendre tout ce qu’il peut prendre pour continuer de progresser. C’est un jeune joueur, j’ai eu l’occasion de discuter quelques fois avec lui pour lui expliquer certaines choses. Il veut écouter, maintenant il doit essayer de progresser dans la façon dont l’équipe a besoin de lui. Il ne faut pas aller trop vite, ni sauter des étapes.

 

 

 

‘’On sait quel joueur a été Spanoulis […] je suis fier de pouvoir appartenir à cette classe de joueurs’’ (crédits photo : l’Equipe)

 

 

Avec la fin de votre contrat cet été, est-ce que vous vous projettez pour l'année prochaine ? Où a-t-on le plus de chance de vous voir ?

Pour être honnête, je ne me suis pas encore posé la question. J’essaie de rester concentré sur ce qu’on a d’abord à faire  avec l’ASVEL. Après on verra quand ce sera l’heure des discussions. Tout au long de ma carrière, je ne me suis jamais vraiment mis de pression sur les prochains contrats. Evidemment, cela va dépendre de ce que l’ASVEL veut faire et des opportunités que je pourrai avoir. C’est sûr que je suis en fin de contrat donc je suis forcément libre de faire ce que je veux. Cela dépend d’un certain nombre de choses, de ma famille aussi. Il y a plusieurs éléments à prendre en compte.

_ Quelques rumeurs vous envoient à Valence…

Des rumeurs il y en a toujours et il y en aura toujours. Evidemment Valence a été ma première expérience à l’étranger. Il y a toujours ce côté affectif par rapport à ma femme [espagnole, ndlr] et ce que j’ai pu connaître avec ce club. Vu que j’ai fait mes débuts en EuroLeague là-bas, il y a toujours des rumeurs qui peuvent sortir.

 

Combien d’années vous vous donnez encore en EuroLeague ? Dans votre carrière ?

Je ne sais pas encore, cela va dépendre surtout de la forme physique et mentale.
C’est un tout : est-ce que j’ai envie de continuer ou pas ? est-ce que je peux encore apporter à une équipe ? Quoiqu’il arrive, je suis quelqu’un qui a envie de rester dans le basket. Donc le jour où ma carrière s’arrêtera, j’essaierai aussi de trouver un projet qui m’intéresse. Quand on arrive en fin de carrière, il faut prendre les années les unes après les autres et voir comment ça évolue. Demain je peux même signer 5 ans quelque part et dire ‘on voit année après année ce qu’il se passe’.

La seule chose dont je suis sûr : cet été avec l’équipe de France, ce sera ma dernière campagne. Je vais tout faire pour être de l’aventure, et ensuite pour que ce soit une belle aventure. Pour la suite, le prochain contrat sera sûrement aussi le dernier de ma carrière, mais honnêtement, je ne me suis pas plus penché que ça sur la question.

 

 

 

‘’il faut prendre les années les unes après les autres’’ (crédits photo : l’Equipe)

 

 

A propos de l’équipe de France justement, comment envisagez-vous les JO pour les Bleus cet été, au sortir d'une Coupe du Monde compliquée ?

Aujourd’hui est-ce que c’est bon de dire qu’on veut la médaille d’or comme on l’a fait l’année dernière ? Je ne sais pas. On a clairement pris une claque l’été dernier, c’était une vraie déception. C’était une grosse douche froide car c’est arrivé en très peu de temps, même si à chaque fois c’est tout un été qui est pris par l’équipe de France ! Là, c’était l’affaire de deux matchs qui ont tout fait basculer. Derrière, on n'a pas eu la chance de se ressaisir. On s’est éparpillé lorsqu’on était en difficulté et puis on a subi. J’espère que cet été, on aura appris de ce qui s’est passé en 2023 et que dès le début, non pas du tournoi mais de la préparation, on sera tous présents pour faire le maximum collectivement. Maintenant, ça reste les JO en France, il y aura forcément une certaine pression. Ce sera à nous de faire le maximum en fonction de qui sera présent.

 

Lors de cette Coupe du Monde justement, on vous a vu être utilisé comme meneur de jeu : est-ce un poste dans lequel vous vous sentez à l'aise ou vous considérez-vous comme un pur arrière ?

Ça c’est l’éternelle question à la française (rires). Pour être honnête, cette question je ne l’ai eu qu’en France. A l’étranger, j’ai rarement eu ce problème de savoir si je devais plutôt jouer meneur ou arrière. Moi, j’ai un certain style de jeu, après c’est en fonction de l’équipe qui est sur le terrain. C’est sûr, jouer meneur ce n’est pas forcément mon poste de prédilection, j’ai surtout eu ce rôle de deuxième arrière pendant ma carrière. Mais à partir de là, je m’adapte à qui je suis associé sur les terrains. Je me rappelle quand je suis revenu en Europe, Itoudis [coach du CSKA Moscou, ndlr] me disait ‘que tu joues 1, 2 ou 3, c’est pas ce que je recherche, je veux des joueurs qui soient capables de s’adapter’. Je vois plus mon rôle comme ça. Il y a de vrais meneurs, de vrais shooters, de vrais ailiers… mais après, on fait en fonction de ce que le coach demande. Et en équipe de France, j’ai vraiment tout connu. En 2021 par exemple, quand on a la médaille d’argent aux JO : c’est parce que Frank et Andrew se blessent que je suis rebasculé sur le poste 1. Et cela a bien fonctionné puisque derrière, il y a un bon équilibre avec Evan (Fournier) et Nico (Batum), et un Thomas (Heurtel) qui apporte quelque chose d’autre encore en sortie de banc. D’un été à l’autre, mon rôle peut évoluer. Il faut juste en discuter avec le sélectionneur et voir ce qu’on peut faire. Je sais qu’aujourd’hui, ce que je dois apporter à l’équipe c’est l’expérience avec les trois campagnes olympiques que j’ai fait avec les bleus. On a énormément de talents au sein des joueurs français. Victor va arriver, il va prendre beaucoup de places sur et en dehors du terrain. Il y aura des chose à aménager. Au final ce qu’on veut c’est que l’Equipe de France performe.

 

 

Ces JO seront donc votre dernière campagne…

Si les JO n’avaient pas été en France peut-être que j’aurais raccroché plus tôt. Mais je pense que je suis encore capable d’aider l’équipe. C’est un honneur de pouvoir porter le maillot bleu et en plus pour des JO qui se passent en France. On va faire le maximum pour aller chercher une médaille parce qu’on sait à quel point c’est difficile de passer tout un été et de revenir sans rien. Après la boucle sera bouclée pour moi.

 

 

 

‘’je pense que je suis encore capable d’aider l’équipe’’ (crédits photo : FFBB)

 

 

Avant de vous laisser, votre 5 majeur des joueurs avec qui vous avez joué en EuroLeague ?

Y’en a plein des bons joueurs, d’ailleurs plus la carrière avance plus il y en a ! A la mène je mettrais quand-même Milos Teodosic. J’ai passé 2 ans avec lui : c’était un des meilleurs baskets que j’ai pu jouer. On était très complémentaires, on avait pas peur de se dire les choses. C’était facile avec lui. Au poste 2, Manu Ginobili, un joueur incroyable. En poste 3, ce serait la facilité de dire Kawhi Leonard. Mais je l’ai connu quand il passait un step avec les Spurs. Il commençait à prendre de l’ampleur, c’était impressionnant. Ça se voyait qu’il allait devenir un joueur incroyable.
En 4, il y a Boris (Diaw) avec l’Equipe de France. Mais je dirais Jan Vesely car c’était facile de jouer avec lui. Et au poste de pivot, je dirais Kyle Hines, parce qu’il permettait de rendre le jeu facile. Après, j’ai connu Tim Duncan, là c’est le top du top. Ça fait beaucoup de Spurs (rires) mais c’est vrai que c’était une équipe impressionnante.

 

Et vos prédictions pour le Final 4 ?

Je suis pas très bon pour ce genre de pronostic... Je dirais quand-même Madrid d’un côté par rapport à leur matchup. La confrontation Pana-Maccabi c’est très costaud, tout comme le Monaco-Fener. Je pense que ce sont des séries qui vont aller au match 5. Je vois le Pana quand-même et je dirais le Fener, mais c’est compliqué et ça va vraiment dépendre des deux premiers matchs à Monaco. Sinon je vois plus l’Olympiakos que Barcelone.

 

 

Un grand merci à Nando de nous avoir accordé cet entretien !

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