A la découverte d'une salle #1 : Le Stade de la Paix et de l'Amitié de l'Olympiakos

Oct 8, 2023 - 23:14
Oct 23, 2023 - 22:21
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A la découverte d'une salle #1 : Le Stade de la Paix et de l'Amitié de l'Olympiakos
A la découverte d'une salle #1 : Le Stade de la Paix et de l'Amitié de l'Olympiakos
A la découverte d'une salle #1 : Le Stade de la Paix et de l'Amitié de l'Olympiakos

EuroLeague France vous propose de vous plonger dans l'histoire des salles les plus mythiques de l'EuroLeague. Pour notre premier épisode, découvrez l'antre de l'Olympiakos et son Stade de la Paix et de l'Amitié.

LE STADE DE LA PAIX ET DE L’AMITIE DE L’OLYMPIAKOS : LE BIEN MAL-NOMMÉ

 

De même que le Vélodrôme se voit depuis la Bonne Mère, le Stade de la Paix et de l’Amitié apparait fièrement dès lors que l’on pointe son regard vers le Pirée depuis l’Acropole. Il domine au milieu de la ville, avec sa silouette si caractéristique, son toit incurvé à la Beaublanc. Il domine la ville, il domine la Grèce du basket et bien souvent ces dernières années aussi l’Europe. C’est ici, à quelques mètres seulement de la mer Méditerrannée et de l’historique port d’Athènes que s’écrit la légende du club du Pirée. tant que l’Olympiakos enflamme ses entrailles, Le Stadio Eirinis kai Philias demeure et demeurera l’une des places fortes du basketball européen, l’une de ses forteresses pour lesquelles les seules qualités basketballistiques ne peuvent suffir pour triompher. Où chaque soir de match, rien d’autre n’est senti que la poudre des pétârds, la cendre des fumigènes, la sueur de ses hommes et parfois le sang ennemi. Reportage sur le stade mythique de l’Olympiakos.

 

Origine :

D’UN POISSON GRILLÉ A LA LEGENDE

 

L’on raconte que le projet d’un tel stade trouverait son origine autour d’une simple grillade de poisson dégustée dans l’un des restaurants de la Plaka, charmant quartier descendant de l’Acropole et donnant vue sur la mer. A table, deux figures majeurs du basket européen : le président de la Fédération Grecque, Georgios Vasilakopoulos, et le secrétaire général de la FIBA, Boris Stankovic. Entre deux bouchées, le serbe glisse à son compère qu’une belle arèna batie dans l’agréable site du Pirée ne serait pas une mauvaise idée si la Grèce envisageait d’organiser un jour un championnat d’Europe. Il n’en fallait pas plus pour convaincre l’influent président qui s’en va de suite convaincre ses supérieurs. Nous sommes au début des années 80 et le Stade de l’Amitié et de la Paix voit le jour en 1985 au sein du quartier de Néo Faliro dans la banlieue sud d’Athènes. Il est de suite inauguré à l’occasion des championnats d’Europe d’athlétisme en salle mais c’est bien lors de la coupe d’Europe 1987 que la balle orange rebondit pour la première fois sur son mythique parquet. Chose promise, chose dûe. La Grèce, reconnaissante, en profitera pour aller chercher son premier titre continental, au terme d’une finale à couper le souffle qui la verra s’imposer après prolongation face au géant soviétique. Ce jour-là, les 17 000 spectateurs entassés dans les travées du stade chantent la gloire d’un Nikos Galis alors intouchable (40pts en finale et 31,2pts de moyenne sur la compétition). Le bal ne pouvait pas mieux commencer.

 

Cependant ce n’est qu’en 1991 que l’Olympiakos y établit ses quartiers. Malheureusement à l’époque, la cité athénienne est verte, et au fil des défaites olympiennes, le stade se verra attribué par les supporters du Panathinaïkos le sarcastique surnom de ‘’maison de campagne’’, signe alors du peu de peine qu’avait l’équipe du trèfle à s’imposer en cette terre rivale. Mais les fans s’y attachent et le club rouge et blanc évoluent au fil des années dans cette salle qui restait en ces jours l’une des plus grande d’Europe avec ses 17 000 sièges. Elle devient progressivement une référence et accueille ainsi la coupe du monde 1998 qui sacrera la Yougoslavie et laissera malheureusement les hélléniques au pied du podium. Par la suite, le stade est rénové et remis aux normes pour abriter le tournoi de Volleyball aux Jeux Olympiques de 2004, ce qui entraine une baisse de la capacité à 12 000 et quelques places.

 

Aujourd’hui, l’écrin conserve toute sa singularité avec ses tribunes circulaires et sa piste d’athlétisme (chose fort peu commune pour une salle de basket). Mais ce n’est certainement pas ses tribunes éloignées du terrain qui atténuent le volume sonore des supporters qui, depuis, ont vu défiler trois trophées d’Euroleague dont les bannières ornent désormais le plafond de la salle. Trois titres, comme les trois slogans qui décorent les couloirs de l’enceinte et qui forment les devises du club : « Refuse to lose » (« Refuse de perdre »), « Team of destiny » (« Une équipe destinée ») et « Together we fight » (« Ensemble au combat »). On continue d’y entendre après chaque victoire son traditionnel hymne joué à la trompette et que l’ensemble des fans reprennent en cœur au moment du refrain : ‘’Olympi-Olympi-Olympiaké !’’. Elle reste ainsi un chaudron pratiquement imprenable, l’une des salles réputées les plus hostiles de la ligue. Ce n’est pas un hasard si le club du Pirée n’a perdu que 6 matches sur les deux dernières années en 37 rencontres. L’été dernier, le club et même devenu propriétaire du Stade et entrevoit des rénovations pour rapprocher les tribunes du parquet et faire grimper la capacité à 15 000 places.

 

Les supporters :

UNE FORTERESSE AUX MAINS DE LA GATE 7

 

Le Stade ne serait pas connu sans ceux qui l’enflamment au quotidien. 5 acteurs s’agitent sur le terrain pour faire régner l’Olympiakos dans les classsements, mais autour d’eux des miliers se donnent pour en faire un mythe bien au-delà du plan sportif. Commençons par préciser qu’en Europe de l’est, la culture de supporting n’est pas vraiment comparable à celle que nous pouvons avoir chez nous. L’Olympiakos, comme de nombreux autres institutions (Pana, Etoile Rouge de Belgrade, Maccabi Tel-Aviv…), a la particularité de partager son identité avec le club de foot. Les supporters, quant à eux, suivent le même chemin et prennent aussi bien la route du stade que celle de la salle. Etre fan de l’Olympiakos, ce n’est pas être fan d’une équipe, ce n’est pas être fan d’un sport, c’est être fan d’un blason qui luttent sur tous les terrains. Pour vous donner une idée, imaginez l’ensemble du kop des Bad Gones de l’OL (+ de 6000 abonnées) venir embraser l’astroballe (5 500 places) et chanter pendant tout le match ; ça ne serait pas la même histoire pour les adversaires. C’est pourquoi la culture ultra, que l’on peut observer dans certains de nos stades de foot en France, anime avec une même ferveur et une même passion les travées des salles de basket dans ces clubs de l’Est où cette culture ultra est bien plus répandue qu’en France. Cette énergie en est même traditionnellement décuplée, et l’Olympiakos ne fait pas exception.

 

Le Stade de l’Amitié et de la Paix devient ainsi un véritable chaudron les soirs de match avec une ambiance qui atteint des extrêmes, et ce, grâce à leur nombreux groupe de supporters dont le plus influent et la Gate 7 (Thyra Epta en grec). Actif depuis les années 80, le groupe tire son origine de la porte numéro 7 du Stade Karaiskaki où joue la section foot. Il s’agissait de la porte où les fanatiques avaient établi leurs quartiers pour encourager leur équipe. Par la suite la porte 7 est tragiquement rentrée dans l’histoire le 8 Février 1981, à la suite d’un mouvement au pied de cette même porte qui a coûté la vie à 21 supporters. Aujourd’hui, plus qu’un repère, ce chiffre est devenu un symbole, une commémoration et un fief en témoigne les innombrables 7 rouges taggés sur de nombreux murs de la capitale athénienne.

 

LES ORTHODOXES BROTHERS

Connu pour leurs nombreux débordements, les membres de la Gate 7 ne sont pour autant pas à craindre par tout le monde. En effet, les ultras de l’Olympiakos entretiennent une relation fraternelle avec ceux de l’Etoile Rouge de Belgrade pour ce qui est peut-être la plus belle entente entre supporters de deux clubs différents en Europe. L’amitié remonte à 1986, lorsque près de 200 supporters de l’Olympiakos étaient venu jusqu’en Serbie pour encourager l’Etoile Rouge de Belgrade face au Panathinaïkos en coupe d’Europe de foot. Puis la fraternisation a progressivement pris de l'ampleur et les supporters de l'Étoile rouge continue à brandir une bannière Gate 7 à chacun de leurs matches. Les ‘’frères orthodoxes’’ qui partagent les mêmes couleurs rouge et blanche en viennent à marcher et chanter ensemble à chaque rencontre entre les deux équipes. Toute l’année, les chants d'une équipe se font entendre dans le stade de l'autre et les drapeaux s’échangent parfois.

 

Les Français :

FORTUNES DIVERS POUR NOS CLUBS FRANÇAIS

 

Et nous les français ? Qu’est ce qu’on à voir avec le Stade de l’Amitié et de la Paix ? Une chose est sûre c’est qu’on n’entendra pas les mêmes échos sur la mythique salle de l’Olympiakos selon l’endroit on l’on s’arrête dans notre cher hexagone. Tout commençait pourtant si bien lorsqu’en 1993 le final four de l’Euroleague, à l’époque ‘’Ligue des Champions’’, se trouve être attribuée à l’enceinte athénienne. Nous sommes à l’époque de la belle équipe d’Antibes mais aussi et surtout du grand classico Pau-Orthez/Limoges qui portait notre championnat de France. Et c’est justement ces derniers qui écriront au Pirée l’une des plus belles pages du sport tricolore. Au terme d’une saison régulière de haut niveau, les limogeauds gagnent le droit de participer au dernier carré de la plus prestigieuse des compétitions européennes, et ce, en écartant ni plus ni moins que l’Olympiakos en quart de finale privant ces derniers d’un bonheur à domicile. Petit poucet des quatre ultimes concurrents, Le CSP arrive pourtant avec aucun autre objectif que la victoire. Ce qui sera chose faite après avoir triomphé de l’immense Real Madrid en demi et du grand Trevise de Kukoc en finale. La bande à Dacoury soulève ainsi, dans le prestigieux décor du stade de l’Amitié et de la Paix, ce qui reste à ce jour le seul titre d’Euroleague remporté par un club français, (avant que Monaco aille nous chercher tout ça).

 

Monaco parlons-en. Beaucoup plus récemment, dans un temps que les moins de 20 ans connaissent largement, la Roca team est venu s’inviter dans ces lieux pour un match de légende qui a malheureusement basculé du mauvais côté. En 2022, au bout d’un aventure exceptionnelle pour une première saison dans la grande ligue, l’ASM, dont la seule participation en playoffs suffisait à faire de cette campagne européenne une réussite, s’offre le droit de rêver en arrachant un Game 5 final face à l’Olympiakos. Mais une fois rendu à ce match couperet, plus question d’être satisfait à seulement 40 minutes d’une participation historique au tournoi final. Après un départ canon, la bande à Mike James se voit finalement rejoint par les rouges et blancs et même dépassée par des Walkup et Sloukas intenable ce jour-là. L’Olympiakos s’impose dans le money-time et le parquet du Peace&Friendship stadium est envahie avant même le buzzer final. Un match à l’ambiance des plus folles dont n’importe quel fan d’EuroLeague se souvient encore, témoignant une fois de plus de la puissance et de l’influence de ce public unique.

 

Le match marquant :

PRINTEZIS OU LE LILLARD OLYMPIEN

Game 4 des Playoffs 2015, Olympiacos 71–68 Barcelone (3-1 dans la série)

 

On vous a déjà évoqué la finale de l’Eurobasket 1987, on vous a déjà conté les mésaventures monégasques, c’est pourquoi l’on a décidé de vous parler d’un autre match légendaire qui s’est produit dans l’hostile théâtre. En 2015, les Rouges et Blancs croisent le fer avec les Blaugranas de Barcelone. La série de Playoffs est étouffante et, bien que le Barça détient l’avantage du terrain, l’Olympiakos réussit à virer en tête et à mener 2-1 dans la série après un Game 3 remporté de deux petits points (73-71). Avant cet ultime rencontre dans leur antre, l’objectif est clair : terminer la série pour s’éviter un périlleux Game 5 au Palau Blaugrana de Barcelone. Le match est tout autant tendu que le précédent et nulle doute que la voix des 12 000 fans olympiens porte ses héros alors menés par la légende Vassilis Spanoulis qui fait basculer les siens en tête à 30 secondes de la fin. La balle est alors au Barça et Juan Carlos Navarro est malencontreusement envoyé sur la ligne des lancers-francs pour deux tentatives pouvant redonner l’avantage à Barcelone. Le bras de l’espagnol tremble : 1/2 ; 68 partout. La dernière possession est dans les mains du Span bien défendu par des Catalans qui ne se trompent pas de cible. Pris par deux défenseurs, le numéro 7 décale finalement pour Printezis qui envoie une flèche derrière l’arc sur la sirène. Le buzzer sonne, les ficelles tremblent et la salle basculent dans l’euphorie. L’Olympiakos est de retour au Final 4 sur ce shoot au buzzer et réalisent l’upset contre un barça favori sur le papier. Derrière le club du Pirée s’imposera face au CSKA Moscou de Nando de Colo en demi-finale avant de s’incliner logiquement face au Real en finale. (une fois de plus…)

 

(le résumé du match :)

https://www.youtube.com/watch?v=Bby780ZxcLk

 

Les témoignages :

‘’L’APOCALYPSE’’

 

Aucun joueur n’est resté indifférent à l’ambiance du Pirée et nombreux sont ceux qui en témoigné. Le Game 5 contre Monaco a été sûrement parmi ce qui s’est fait de mieux. Kevin Durant, alors à Athènes pour voir son pote Mike James n’a pas pu s’empêcher de commenter sur son compte Twitter :

 

’The Apocalypse […] Bring a flare to an NBA game if you want, and you might be in Rikers’’ (‘’L’Apocalypse […] Apportez un pétard dans un match NBA si vous voulez, et vous vous retrouverez à Rikers’’ (Prison à New-York [ndlr])

 

Thomas Walkup n’a pas tari d’éloges cette ambiance mémorable, lui qui pour le coup était dans le bon camp ce soir-là :

             

‘’The flares going off, the smoke rising up, fans chanting," he described. "All of this happening at once. It was just beautiful, really beautiful. I've seen some pretty things in my life, but being able to look up with this feeling was as good as it gets."

(‘’Les fumigènes craquaient, la fumée s’élevait, la fans chantaient. Tout ça en même temps. C’était juste magnifique, vraiment magnifique. J’ai vu plein de belles choses dans ma vie, mais pouvoir voir ça avec cette sensation ça été la meilleure chose possible’’)

 

Bien avant eux, Frédéric Fauthoux qui a eu l’occasion de fouler ce parquet avec Pau Laqu-Orthez rapporte à nos confrères de L’Equipe plus de précisions l’accueil qui leur était réservé :

 

‘’Quand tu pénétrais sur le parquet, le banc était dans la diagonale opposée du tunnel. C'était voulu. Tu devais donc traverser le bordel et avant même le début du match, tu étais sous la bronca, les mecs te jetaient des drachmes et des briquets.’’

(via L’Equipe)

 

Evan Fournier, présent au Final Four 2022, est lui aussi tombé sous le charme de la fan base athénienne :

 

‘’J’ai toujours pensé que l’atmosphère du terrain de l’Olympiakos était la meilleure pour jouer. Je suis très heureux de venir là, de voir Mouss (Fall) jouer et ressentir cette atmosphère.’’

Avant d’évoquer un possible retour en Europe, là aussi bien intérressé :

 

‘’C’est encore loin, mais si je reviens, j’aimerais bien aller dans un grand club comme l’Olympiakos’’

(via BasketNews)

 

 

 

Tous ceux qui sont entrés au Stade de l’Amitié et de la Paix en adversaire n’y ont trouvé qu’hostilité et guerre. Les fans de L’Olympiakos ne laissent pas indifférent et font l’unanimité quant à leur capacité d’intimidation. La Salle du Pirée est l’un de ces salles que l’on préfère mille fois avoir derrière soi plutôt que contre soi. Parfois théâtre de débordement, cela restera toujours le genre d’ambiance qui nous régale, nous fans de la balle orange, et dans laquelle nous rêverions tous de jouer un jour. Et c’est exactement pour ces salles-là, pour ces ambiances-là que nous aimons tant notre cher basket européen.

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